Le Louvre décrypté
Ce samedi à 20h50 avec «Il était une fois le musée du Louvre», en retraçant l’histoire mouvementée des collections du Louvre, musée inauguré en 1793 par le gouvernement révolutionnaire pour «libérer les arts», le réalisateur Frédéric Wilner décrypte notamment le parcours de trois œuvres phares. Propos choisis.
La Joconde
«À rebours des suspicions habituelles, nous montrons que «La Joconde» n’a pas été subtilisée. Son histoire avec le Louvre débute, d’une certaine façon, sur le champ de bataille, en 1515. François Ier, vainqueur de Marignan, devient duc de Milan. Alors que l’on découvre à cette époque la beauté de l’art italien, le roi de France profite de sa nouvelle position pour convaincre Léonard de Vinci de venir s’installer à Amboise en lui versant une pension digne d’un maréchal de France.
Dans un second temps, la Couronne monte une opération complexe : en offrant une somme considérable au disciple du maître, Salaï, elle s’assure de récupérer les chefs-d’œuvre du génie italien à sa mort. Premier roi français à constituer une véritable collection de tableaux, François Ier acquiert ainsi «La Joconde», que l’on retrouvera des siècles plus tard au Louvre.»
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Les Noces de Cana
«La Révolution puis l’Empire ambitionnent de faire du Louvre un objet culturel unique au monde, avec cet objectif : libérer l’art en l’offrant au regard de tous. Pour y parvenir, on « prélève » des œuvres dans toute l’Europe : 2.600 seront déposées au musée du Louvre ! Jamais un tel patrimoine artistique, avec un si grand nombre d’œuvres d’art de qualité exceptionnelle, n’a été réuni.
«Les Noces de Cana» constitue un tableau emblématique de cette période. Vieille de deux siècles, la toile de Véronèse, qui couvrait avec ses 70 mètres carrés un mur entier du réfectoire d’un monastère vénitien, arrive au Louvre en 1798 malgré son extrême fragilité. L’époque coïncide aussi avec l’émergence d’un corps de manipulateurs d’œuvres d’art qui s’aventurent jusqu’au fin fond de l’Europe pour les rapporter en France dans des conditions souvent acrobatiques.
Le Louvre devient le musée idéal du patrimoine européen, mais après Waterloo, les monarchies récupèrent leurs œuvres et démantèlent l’ensemble, parfois à regret. Le Louvre en conservera finalement 75, dont celle-ci.»
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La Vénus de Milo
«Nous sommes peu de temps après la défaite de Napoléon, dans les années 1820. Le Louvre, dépecé par les pays vainqueurs – c’est le terme employé à l’époque – doit se réinventer et se tourne notamment vers l’art grec. À cette période, un officier français passionné par l’Antiquité accoste sur une île des Cyclades, Milos. Il tombe alors sur un paysan qui, en creusant son champ pour trouver des pierres, vient de mettre au jour les morceaux d’une Aphrodite de marbre.
Par ce hasard extraordinaire et après de multiples rebondissements, cette «Vénus de Milo» arrive au Louvre. Des décennies plus tard, une polémique éclate : les Allemands prouvent que l’œuvre ne date pas de l’époque classique, la plus célébrée de l’Antiquité grecque. Qu’importe si le mythe est ébréché. La Vénus, par sa beauté et son exposition en majesté au Louvre, continue à susciter l’admiration.»
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