Le loup, un prédateur controversé

Il fait son grand retour dans nos contrées © France 4

Cette espèce de canidés réapparaît petit à petits dans nos forêts sous haute surveillance. Ce samedi à 21h05, France 4 retrace «L’Odyssée du loup».

Autrefois, pour connaître le nombre de caribous et savoir si la chasse serait bonne, les esquimaux écoutaient hurler les loups dont les cris s’entendent à plus de huit kilomètres. Pourchassés depuis le Moyen Âge en Europe, ils avaient quasi disparu chez nous. S’ils vivent surtout aujourd’hui en Amérique du Nord et en Asie (Sibérie), environ sept mille d’entre eux ont recolonisé d’anciens territoires. .

Notre pays se situe entre deux fronts de colonisation, la France et l’Allemagne. En avril, le SPW Environnement a fait le point de la situation et a conclu qu’il y a actuellement au moins six loups en Wallonie. Avec l’arrivée d’une louve de lignée germano-polonaise, première femelle détectée sur le territoire depuis l’extinction de l’espèce, il espère la création d’une meute dès cette année avec un des trois mâles repérés dans les Hautes-Fagnes !

En Flandre, la louve Noëlla a donné naissance à des petits de son compagnon August sous haute surveillance forestière dans une zone de repos du Limbourg. Selon un rituel amoureux bien établi, le couple s’est courtisé auparavant avec une belle tendresse : baisers dans le coup, mordillements des babines, petits coups de langue rapides sur les joues, les oreilles et la nuque.

Sous haute protection

Natagora, l’association de défense de la biodiversité en Wallonie et à Bruxelles, dénombre plusieurs facteurs qui ont favorisé le retour de ce prédateur sur notre vieux continent : sa protection légale, la présence de nombreux ongulés sauvages (daims, chevreuils, cerfs, sangliers…) et la déprise agricole (l’abandon de terres cultivées).

Protégé par la Convention de Berne (1979), le loup bénéficie aussi d’une directive supplémentaire de l’Union européenne, obligeant les états membres à veiller à la conservation de l’espèce et de ses habitats. Avec 554.000 hectares (soit 33 % du territoire), nos forêts wallonnes et leurs gibiers peuvent attirer ces chasseurs nez au vent.

Grâce aux travaux du Canadien Lucyan David Mech, on sait, en effet, qu’un loup perçoit l’odeur d’un original à trois cents mètres. Il ne chasse pas les proies les plus belles, mais choisit délibérément les faibles et les malades. Outre les ongulés, ce qu’on oublie souvent, c’est qu’il aime aussi pêcher dans des eaux peu profondes, savourer des insectes, petits rongeurs et fruits.

Un animal si mal aimé

Dans notre imaginaire, s’il dispose de si grandes dents, «c’est pour mieux te manger mon enfant…» Quand on parle du loup, on voit sa gueule, ses quarante-deux quenottes aussi robustes que pointues. Victime de persécutions, mal aimé, il tue pourtant moins de moutons et chèvres qu’un chien sauvage.

Les dernières conclusions de l’Institut flamand de recherche sur la Nature et les Forêts (INBO) corroborent les recherches menées en Europe du Sud. Elles sont basées sur les analyses ADN de tous les moutons victimes de morsures depuis début 2020. «Au sein d’un troupeau, les chiens font plus de victimes que les loups. Pour un chien, cela représente en moyenne 3,8 animaux morts contre 2 pour un loup», a souligné un généticien de l’INBO, Joachim Mergeay. «Un chien est moins efficace. Il provoque de nombreuses morsures sur tout le corps. Alors qu’il suffit d’une seule morsure ferme au cou pour le loup qui ne relâche rien avant que sa proie meurt.»

D’ici l’été, la ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier, a promis de finaliser un plan d’action. Il comprendra à la fois des mesures de protection et de suivi de l’espèce ainsi que des indemnisations des dégâts éventuels. En mars, un seul dossier était instruit par le cabinet de la ministre. Il concerne une attaque de trois moutons à Jalhay (province de Liège) en septembre 2019. 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 21/5/2020

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