Le lombric, ver fantastique
La Terre ne serait rien sans les innombrables organismes souterrains qui l’habitent. Pour le comprendre, Arte nous emmène au cœur de ce monde grouillant de vie avec le documentaire «Au royaume des vers de terre : la vie du sol dévoilée», diffusé ce samedi à 22h25.
Alors que nous la foulons chaque jour allègrement, la terre regorge d’une vie extrêmement riche dont nous avons peu conscience. Ainsi, insectes, bactéries et vers travaillent quotidiennement à décomposer la matière organique pour former l’humus. Un système indispensable à notre écosystème qui est, à l’heure actuelle, en grand danger.
Monde à part
Alors que nos sous-sols s’avèrent plus riches en termes d’espèces que la forêt tropicale et que les habitants qui les composent sont, pour l’homme, de précieux alliés, la disparition quasi totale de cet univers semble irréversible. En cause, l’agriculture intensive et l’étalement urbain.
«Selon l’organisation des Nations unies, 90 % des terres arables (ndlr : se dit d’une terre qui peut être cultivée et labourée) pourraient disparaître d’ici 2050», relate le documentaire d’Arte.
Ce lent déclin de notre biodiversité n’est pas nouveau, il aurait même débuté il y des milliers d’années ! «En réalité, ces écosystèmes auraient atteint un maximum avant de se stabiliser puis de commencer à décliner il y a environ 4.000 ans…», précise la RTBF. «Principalement à cause de l’exploitation de la nature par les humains.»
Ingénieurs indispensables
Au royaume du sous-terrain, s’il y a un roi, c’est bien le lombric. Charles Darwin (1809-1882) en avait déjà pressenti l’importance. «Il est permis de douter qu’il y ait beaucoup d’autres animaux qui aient joué dans l’histoire du globe un rôle aussi important que ces créatures d’une organisation si inférieure», écrit-il notamment dans son ouvrage «Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale».
Dans le monde, il y aurait entre 6.000 et 7.000 espèces différentes de vers de terre. À eux seuls, ils représentent 70 % de la biomasse terrestre. Signes de la bonne santé des sols, ils y jouent un rôle essentiel, notamment en créant des galeries, atteignant parfois les 2 mètres de profondeur, qui permettent une meilleure irrigation et une aération plus performante de la terre meuble.
«Il est aussi utile pour le lombricompostage», ajoute Le Figaro. «À savoir le recyclage des déchets organiques du quotidien par le lombric, qui a pour but de réduire le volume d’ordures ménagères et produire un fertilisant naturel, écologique et économique.»
Avocat des lombrics
Certains vont encore plus loin pour tenter d’éveiller les consciences sur l’importance des vers de terre. En 2018, l’astrophysicien Hubert Reeves déclarait : «La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces.»
Dans sa digne lignée, l’agronome français, Christophe Gatineau, auteur du livre «Éloge du ver de terre», milite carrément pour que les lombrics obtiennent un statut juridique les protégeant. L’idée est loin d’être lunaire, dans l’Hexagone, 200 espèces d’insectes sont protégées par la loi. «Les vers de terre nourrissent le sol qui nourrit les plantes qui nourrissent les êtres vivants, les animaux et les hommes. C’est donc simple : notre survie dépend des vers de terre», explique l’agronome au Figaro. «Mais l’agriculture pratiquée depuis cinquante ans a décidé de ne plus collaborer avec la nature. Les pesticides et les labourages tuent les vers de terre. Tant que le ver de terre ne sera pas reconnu, il sera impossible de le protéger.»
Cependant, le temps presse. «Le lombric terrestre vit huit ans en moyenne et donne naissance à une dizaine d’individus tout au long de sa vie… ce qui est peu. Il faut agir vite !»
Cet article est paru dans le Télépro du 20/4/2023
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