Le laboratoire à ciel ouvert de Darwin
C’est à Down House, une bâtisse victorienne au cœur de la campagne anglaise, que le naturaliste a mis au point sa théorie de l’évolution. Ce dimanche à 22h40 sur France 5, «Une maison, une légende» nous emmène à sa découverte.
Après son enfance à Shrewsbury (au nord de Birmingham), ses études à Édimbourg puis Cambridge, son expédition à bord du Beagle et son retour à Londres, c’est dans le Kent, le «jardin de l’Angleterre», que le naturaliste britannique décide de s’installer. Dimanche, les caméras d’«Une maison, une légende» s’invitent à Down House, où Charles Darwin (1809-1882) a passé plus de la moitié de sa vie et mis au point sa fameuse théorie de l’évolution.
Nichée au cœur de la campagne, cette bâtisse victorienne a tout pour plaire au savant, alors âgé de 33 ans et à la santé fragile. Il aime à dire que cette maison est le rocher où il restera accroché jusqu’à la fin, tels les cirripèdes, ces invertébrés marins qui le fascinent. Durant quarante ans, le domaine sera un formidable terrain de jeux pour les dix enfants qu’il a avec son épouse (et cousine) Emma Wedgwood, un lieu paisible de travail et d’expérimentations et un incroyable laboratoire à ciel ouvert.
Enfant curieux
«Ce qui l’a vraiment attiré ici, c’est que le domaine était à l’endroit exact où la terre glaise de Londres rencontre la craie du Kent», raconte, sur France 5, le jardinier du domaine, aujourd’hui transformé en musée. «Or, il est important pour lui d’avoir un potager viable pour nourrir la famille, ainsi qu’une biodiversité complète. C’est un terrain idéal pour tester ses idées au grand air. Il disait se sentir à la limite du monde.»
Or, la nature, c’est ce qui fait vibrer Darwin qui, avant d’être un scientifique rigoureux, a d’abord été un enfant curieux. Au sein de sa famille fortunée de médecins et de pasteurs, le jeune garçon développe une passion pour l’observation de la nature et collectionne des coléoptères et des minéraux. «J’étais un naturaliste né», confie-t-il dans ses écrits.
Par contre, dyslexique, il est un élève plutôt médiocre. «Tu seras une honte pour toi-même et pour toute ta famille», lui prédit même son père !
À bord du Beagle
Les études de médecine et de théologie qu’il suit sur les conseils paternels ne le passionnent guère. Et, alors que l’étudiant rêve plutôt de voyages lointains, un professeur lui propose l’aventure de sa vie. À 22 ans, Darwin embarque sur le Beagle, navire de recherche chargé de reconnaître les côtes sud de l’Amérique. «C’est un anniversaire de naissance pour le reste de ma vie», écrit-il. Durant cette expédition de cinq ans à travers les mers du globe, le jeune naturaliste amateur rassemble des milliers de spécimens, qu’il aura tout le loisir d’étudier, après son retour en 1836. Ce butin exceptionnel lui servira pour établir sa grande théorie de l’évolution, dont les prémisses sont nées dans les îles Galapagos.
C’est là que Darwin remarque que, selon l’île sur laquelle ils habitent, les pinsons ont des becs très épais ou plus fins. L’Anglais a une révélation : ces oiseaux se seraient-ils adaptés à leur environnement ? Sa théorie, exposée dans son ouvrage «De l’origine des espèces», est publiée en 1859. Faisant voler en éclat le mythe de la création divine, elle suscite un intérêt considérable et fait naître un combat, par journaux interposés, entre les tenants et les adversaires du darwinisme.
Le savant ne s’en préoccupe guère et continue de mettre sa théorie à l’épreuve jusqu’à la fin de sa vie en étudiant les plantes insectivores et les orchidées dans la serre de son domaine. Lorsqu’il s’éteint à Down House, en 1882, ce n’est pas seulement un vieillard paisible à la longue barbe blanche, à l’instar de l’image que la légende a gardé de lui, qui s’en va, mais surtout un visionnaire qui a bouleversé la science depuis son petit coin de campagne anglaise.
Cet article est paru dans le Télépro du 20/7/2023
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