Le jour où le fils du Soleil s’est éteint

Image extraite du documentaire diffusé ce jeudi sur France 5 © Windfall Films

L’Empire inca a mis des siècles pour se construire. Il a disparu en quelques jours. Ce jeudi à 21h, France 5 diffuse le documentaire «L’Histoire de l’Empire inca».

Le cortège impérial est impressionnant. Au milieu de l’après-midi, soldats, serviteurs et courtisans ont quitté le vaste campement situé à 2.800 mètres d’altitude dans la cordillère des Andes. Quand cette foule bruyante et chamarrée, précédée de danseurs et de musiciens, entre sur la place de Cajamarca, un personnage éclipse tous les autres. Posé sur un lit orné de plumes de perroquets, il porte des vêtements d’apparat recouverts d’or, des bracelets, des pectoraux, un collier de pierres précieuses, une couronne, les emblèmes solaires : l’Inca irradie de mille feux.

L’empereur Atahualpa (1500-1533) a beau n’avoir que 32 ans, il règne (en partie) sur ce territoire appelé Tahuantinsuyu. Un empire qui va du Chili à la Colombie actuels et compte près de 8 millions d’habitants. Un empire qui, en ce 16 novembre 1532, n’a plus que quelques heures à vivre.

Fils du Soleil

Au commencement, il y a le mythe. Après un grand déluge qui dévaste la Terre, le Soleil décide d’offrir la civilisation aux hommes. Il leur envoie son fils, Manco Cápac. Avec son épouse (et sœur) Mama Ocllo, il sort du lac Titicaca (entre le Pérou et la Bolivie actuels) et crée la ville de Cuzco. Nous sommes en 1200. L’Empire inca vient de naître. En fait d’empire, il s’agit d’une région étriquée que les habitants rêvent d’étendre à un territoire bien plus vaste. Ils vont mettre plus de trois siècles pour y parvenir.

Quechua n’est pas ce qu’on croit

De conquête en conquête, l’Empire inca prend forme. Quand le onzième empereur décède en 1527, il lègue à ses successeurs un pays de 3.500 km sur 800 km, recouvrant des (parties de) pays appelés aujourd’hui l’Argentine, la Bolivie, le Chili, la Colombie et l’Équateur. Comme le rappelle le magazine Géo, l’Empire Tahuantinsuyu est organisé de manière très structurée. Basé sur quatre régions (Tahuantinsuyu signifie «Pays des quatre quarts»), il s’appuie sur une économie agricole et un réseau routier performant.

Pour sceller l’unité de la population, les dirigeants comptent sur le culte du Soleil (c’est de lui que l’empereur détient son pouvoir), mais aussi sur une langue commune : le quechua. Quand il débarque au Pérou pour conquérir la région avec la bénédiction de Charles Quint, l’Espagnol Francisco Pizarro a entendu parler de cette civilisation. Il a surtout retenu les histoires de trésors fabuleux. C’est pour s’en emparer qu’il est de retour à la tête de 168 hommes, de leurs chevaux, de leurs mousquets et de leurs canons. Ce 16 novembre 1532, cette armée, cachée, encercle la place de Cajamarca.

Le dernier Inca

Quand Atahualpa y arrive en grande pompe, il n’imagine pas le piège qui va se refermer sur lui. Le prêtre de la délégation espagnole présente une bible à l’empereur. Celui-ci repousse le livre qui tombe au sol. Sacrilège ! Pizarro hurle «Santiago» (saint Jacques) : c’est le signal de l’attaque. Atahualpa est maîtrisé, les chevaux déferlent sur la foule en panique, les canons tonnent, les mousquets crachent le feu.

Terrorisés, les Incas s’enfuient dans la cohue la plus totale. Deux mille d’entre eux trouvent la mort sans qu’aucune perte espagnole ne soit à déplorer. En quelques minutes, l’Empire inca bascule. Impressionnés par ces hommes blancs qu’ils considèrent comme des dieux vivants, les Indiens battent en retraite. Brutale, la fin de l’empire est proche.

Atahualpa est étranglé en prison un an plus tard alors qu’une rançon faramineuse a été remise aux Espagnols. Toutes les révoltes contre les conquistadores échouent. Moins d’un demi-siècle passe. Túpac Amaru, dernier membre de la dynastie, est décapité en public à Cuzco. Le 24 septembre 1572, le Soleil se couche définitivement sur l’Empire inca.

Cet article est paru dans le Télépro du 21/4/2022

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