Le Grand Condé, rebelle cousin du Roi-Soleil

Image extraite du «Secrets d'Histoire» diffusé ce lundi sur France 3 © France 3/SEP
Giuseppa Cosentino Journaliste

Insatiable seigneur de guerre, Louis II de Bourbon, dit le Grand Condé (1621-1686), servit son cousin le roi Louis XIV avant de le trahir… puis de retrouver ses grâces. Son destin sera évoqué dans «Secrets d’Histoire», ce lundi à 21h10 sur France 3.

On dit de lui qu’il passait plus de temps à cheval que dans son lit. Assoiffé de batailles, ce prince rebelle, fier de son rang et terriblement ambitieux, vouait une haine au cardinal Mazarin. Au point de trahir le Roi… puis d’être gracié. Depuis le château de Chantilly, l’une de ses demeures, Stéphane Bern raconte la destinée peu commune de ce personnage versatile que l’on nomma «le Grand Condé».

Berceau belliqueux

Tout semble sourire au petit Louis II de Bourbon, né à Paris en 1621. Alors duc d’Enghien, le garçon reçoit une solide éducation dans le Berry, à l’écart des intrigues de la cour, sous l’autorité de son père Henri II de Bourbon-Condé, qui sert loyalement Louis XIII et son ministre Richelieu. Il y apprend l’art de gouverner une province, l’équitation et le maniement des armes. À 20 ans, il épouse la nièce du cardinal Richelieu : Claire-Clémence de Maillé. Elle a 13 ans et le méprise. Lui non plus ne l’aime pas. Ce désaccord mutuel ne les empêche pas d’avoir trois enfants dont deux morts en bas âge. Le jeune duc n’a qu’une ambition : briller par ses exploits militaires.

Grand exploit

La chance lui est donnée en 1643. Pour ne pas saper le moral de ses troupes, le jeune général leur cache la mort du roi Louis XIII. À Rocroi, il anéantit l’infanterie espagnole, pourtant supérieure en nombre. Sa stratégie : rapidité de manœuvre et déploiement habile de la cavalerie. Il a 22 ans et vient de sauver Paris de l’invasion. Un tournant dans la guerre de Trente Ans qui ravage l’Europe centrale depuis 1618. Désormais, on le surnomme «le Grand Condé». Très vite, les succès militaires s’enchaînent jusqu’à la bataille de Lens, en 1648, qui aboutit à la signature des traités de Westphalie mettant un terme à la guerre de Trente Ans.

Œil pour œil

L’entourage royal ne voit pas d’un bon œil l’excès de notoriété dont jouit ce héros impétueux. La reine régente Anne d’Autriche et son ministre, le cardinal Mazarin, le jettent en prison. Trahison ! Une fois libéré, Condé prend la tête de la Fronde des princes et marche sur Paris, contre son cousin, le jeune roi Louis XIV. Un échec… Déchu de ses titres et biens, il se met au service du pire ennemi de la France : le roi d’Espagne. Dès lors, c’est dans l’autre camp qu’il guerroie farouchement et reprend des places qu’il avait autrefois gagnées… pour le compte du Roi-Soleil. C’en est trop ! En 1654, il est condamné à mort.

Pardon royal

Cinq ans plus tard, le traité de paix des Pyrénées entre la France et l’Espagne permet son retour en grâce. Le déserteur obtient le pardon de son royal cousin. Après quelques ultimes batailles, le vieux Condé, perclus de goutte, se retire dans la crème des joyaux architecturaux : le château de Chantilly. Il y reçoit musiciens, artistes et poètes, dont La Fontaine, Racine et Bossuet, son vieil ami qui prononcera, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, son oraison funèbre évoquant les exploits de «cet autre Alexandre». 

Cet article est paru dans le Télépro du 24/2/2022

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