Le fort d’Anvers ? Ses diamants !

Image extraite du reportage diffusé ce samedi sur TF1 © TF1

Depuis cinq siècles et demi, Anvers est la capitale mondiale du diamant. Une histoire sans fin ? Ce samedi à 13h40 sur TF1, «Grands reportages» nous fait découvrir les coulisses de cet univers.

«Le troisième plus gros diamant du monde est à Anvers afin d’être analysé et traité. La pierre précieuse brute de 1.175 carats a été extraite d’une mine au Botswana. Sa valeur pourrait atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros».

L’été dernier, la nouvelle passe presque inaperçue. Elle est un des derniers épisodes d’une très longue histoire qui lie la ville flamande à la pierre précieuse la plus brillante et la plus dure de toutes depuis le XVe siècle.

La belle eau

L’histoire du commerce du diamant commence en Inde, aux environs du IVe siècle avant Jésus Christ. Les moyens de transport sont limités, le marché, très localisé, se limite aux riches habitants de la région.

Le développement des voies maritimes change tout. Le commerce par la mer Rouge, l’océan Indien et la route de la soie élargissent le spectre des négociants, l’Europe fait la connaissance du diamant, qui s’échange contre des chevaux, des épices, de la soie…

L’aide de l’Escaut

Au XVe siècle, la route de la pierre précieuse et celle d’Anvers se croisent. La ville occupe une place stratégique. L’Escaut lui donne un accès facile et rapide à la mer du Nord. Elle devient un lieu de transit quasi incontournable entre l’Europe et l’Inde, n° 1 des importateurs de diamants bruts à l’époque.

Pratiquement au même moment, des Juifs, qui fuient les expulsions et les persécutions au Portugal et en Espagne, trouvent refuge dans la ville flamande. Ils s’orientent très vite vers le secteur du diamant. Preuve de l’activité : en 1447, un décret dénonce et interdit la vente de faux diamants.

Prise par la taille

Un troisième événement marque un tournant pour ce commerce et sa croissance. En 1476, un procédé nouveau de la taille du diamant est mis au point par Lodewyk van Bercken. C’est lui qui est à l’origine du diamant à facettes que nous connaissons encore aujourd’hui et dont le dessin, à lui seul, évoque immédiatement dans les esprits la précieuse pierre. «La taille anversoise» devient un must sur tout le Vieux continent.

Un commerce qui vaut de l’or

L’importance d’Anvers sur ce marché ne cesse de croître. En 1870, la ville est reconnue comme capitale mondiale du diamant. Le Diamond Club, petite bourse où s’échangent des diamants venus du monde entier, y voit le jour.

150 ans et deux guerres mondiales plus tard, l’histoire d’Anvers reste intimement liée à celle de la pierre précieuse. Même s’ils varient selon les sources, les chiffres donnent le tournis. 380 ateliers, entre 1.500 et 1.700 sociétés d’exploitation, 4.500 diamantaires sont installés dans la ville, principalement dans les 2,5 km² du «quartier des diamantaires», cinq rues dont trois interdites à la circulation.

Entre 70 et 85 % des diamants bruts du monde, 50 % des diamants polis et 40 % des diamants industriels passent par Anvers à un moment ou un autre. Chaque jour, plus de 150 millions d’euros de pierres y sont vendus». Le tout rapporterait entre 40 et 50 milliards de dollars par an.

Les Indiens, après les Juifs

La communauté juive est toujours bien présente sur le marché, mais depuis les années 1970, «les Indiens contrôlent une grande partie de la filière du diamant, de l’exploitation jusqu’au détaillant» selon i-diamants.

Les principaux concurrents mondiaux s’appellent New York (où se sont installés de nombreux Juifs fuyant le nazisme), Tel-Aviv, mais aussi Dubaï, Shangaï, Hong Kong et Bombay. Tous voudraient un jour ravir à Anvers le titre de capitale mondiale. Au diamant des Flandres de prouver qu’il est éternel.

Cet article est paru dans le Télépro du 6/1/2022

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