Le feu, un mystère brûlant

Image extraite du documentaire diffusé ce jeudi sur France 5 © 2P2L
Stéphanie Breuer Journaliste

Comment les Hommes ont-ils appris à maîtriser le feu ? Situé il y a 400.000 ans, ce tournant de l’histoire de l’humanité a permis une vie sociale plus organisée.

Cuire, chauffer, éclairer, fondre, forger, propulser… Aussi terrifiant que fascinant, le feu a été un instrument de nombreuses conquêtes. Sa maîtrise a rythmé la marche de l’humanité. Jeudi à 21h, France 5 propose un voyage dans le temps pour explorer l’histoire millénaire de la domestication du feu, avec le documentaire «Les Maîtres du feu».

Dès les premiers temps de la Préhistoire, les Hommes découvrent le feu grâce aux incendies déclenchés par la foudre ou une éruption volcanique. Les plus anciennes traces de feu utilisé par les humains – mais non produit intentionnellement – remontent à plus d’un million d’années. Sans doute les Hommes apprennent-ils à s’emparer de ces brasiers naturels et à les entretenir, mais une fois éteints, ils ne savent pas les allumer à leur gré. Ce que vont réussir Homo erectus, Neandertal et Homo sapiens…

L’étincelle

Il y a 400.000 ans, le nombre de foyers maîtrisés augmente dans plusieurs régions (Chine, Proche-Orient, Europe…). Une avancée que le paléontologue Henry de Lumley qualifie de «formidable moteur d’hominisation». «Le feu qui éclaire a en effet permis à l’homme de pénétrer au plus profond des cavernes», écrit-il dans «La Domestication du feu aux temps paléolithiques» (Éd. Odile Jacob). «Le feu qui réchauffe lui a donné la possibilité de s’installer dans les régions tempérées froides de la planète. Il a permis aussi d’améliorer les aliments qui sont plus succulents et plus digestes lorsqu’ils sont cuits, d’allonger l’espérance de vie en faisant reculer les parasitoses par la cuisson de la viande, d’améliorer la fabrication des outils, en durcissant au feu la pointe d’un épieu en bois. Il a également été un facteur de sécurité, en empêchant les grands carnivores de pénétrer dans la grotte protégée par un feu installé à son entrée.»

Centre du foyer

Nos ancêtres disposent d’un savoir-faire pyrotechnique pour déclencher un feu. Ils pratiquent la friction du bois (poser un morceau de bois à 90 degrés sur un autre et tourner) ou frottent un silex contre un minerai de fer, comme la pyrite. Si, socialement, le feu devient le centre du foyer, il est aussi un moteur du progrès humain. Sa maîtrise enclenche une cascade d’avancées techniques car la flamme permet de transformer l’argile en céramique, le sable en verre… Et de l’âge de pierre, l’Homme bascule dans celui des métaux.

Le forgeron, ce héros

L’invention du four, permettant d’obtenir des températures très élevées, est une véritable révolution technologique. L’apparition de bas fourneaux est attestée vers -1.200 en Europe et donne une place importante à la figure du forgeron. Épée, bouclier, couteau, marmite, faucille, tous les outils de la civilisation étaient frappés par le marteau du forgeron ! Et vers la fin du Moyen Âge, le haut fourneau apparaît. Les très hautes températures alors obtenues permettent de s’approcher du point de fusion du fer. Ce feu tout puissant fait basculer l’humanité dans l’ère industrielle. Aujourd’hui encore, les hauts fourneaux continuent de forger le monde…

Prodigieuse allumette

En 1826, l’Anglais John Walker invente l’allumette à friction. En le frottant contre une surface rugueuse, ce bout de bois à base de soufre blanc s’enflamme. Mais les accidents sont nombreux. En 1852, le Suédois Johan Edvard Lundström crée l’allumette de sûreté : le phosphore blanc est remplacé par du rouge et l’allumette s’allume grâce à un grattoir spécial. La Suède développe alors une industrie réputée dans le monde entier.

Cet article est paru dans le Télépro du 3/3/2022

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