Le dugong, « vache des mers » en danger

Long de 3 à 4 m, le dugong peut peser jusqu'à 900 kg © Getty Images

Il passe son temps à brouter les prairies sous-marines et est hélas le mammifère marin le plus menacé.

Avec son cousin le lamantin, le dugong serait à l’origine du mythe de la sirène, créature légendaire mi-femme mi-poisson dont le chant séducteur provoquerait des naufrages. Si le dugong se déplace avec grâce et légèreté, sa morphologie est loin des canons de la beauté féminine. Long de 3 à 4 m, il peut peser jusqu’à 900 kg, et ressemble davantage à un éléphant, son lointain ancêtre, qu’à une ondine surgie des flots !

Légende

Apparu il y a 50 millions d’années, cet herbivore est menacé d’extinction. Notamment à Mayotte où nous entraîne le documentaire «Dugong Blues», sur France 3, lundi à 23.00. Là-bas, on ne croit pas aux sirènes. Une autre légende raconte qu’un frère et une sœur seraient partis en pirogue et auraient fauté ensemble. Pour les punir de cet inceste, Dieu les aurait transformés en dugongs. Lorsque sa chasse était encore autorisée, la coutume voulait qu’un pêcheur ramenant un dugong femelle devait jurer ne pas avoir fauté avec, puisqu’il aurait pu s’agir de la jeune fille de la légende…

De couleur gris ardoise, le dugong possède un museau étonnant. Cylindrique, il se termine par une bouche mobile dont la lèvre supérieure, en forme de disque, est parfaite pour brouter les prairies marines dont il raffole. Le dugong consomme de 30 à 40 kg d’herbe de mer par jour, ce qui lui vaut son délicat surnom de « vache des mers ». Son corps est très reconnaissable. Il ne possède pas de nageoire dorsale, mais une large queue en demi-lune, sa peau est lisse et recouverte de petits poils. Il vit dans les eaux côtières du Pacifique et de l’océan Indien pour y brouter les fonds peu profonds, en apnée, et remonte respirer à la surface toutes les 8 à 10 minutes. Ce sirénien produit des sons pouvant ressembler, avec un zeste d’extrapolation, à une voix humaine.

Mâles et femelles n’atteignent la maturité sexuelle que vers 10 ans. La maman dugong ne donne naissance qu’à cinq à six petits au cours de sa vie. Une gestation dure de 12 à 15 mois. Le nouveau-né mesure 1,5 m, pèse une trentaine de kilos et doit être allaité pendant 18 mois.

Espèce protégée

Longtemps victime de la chasse, recherché pour sa viande, mais aussi pour son huile et sa peau, le dugong est inscrit au rang des espèces protégées. Son commerce et sa capture sont donc interdits. L’urbanisation des côtes, le tourisme et la pollution ont réduit son habitat et ses chances de survie. Il est aussi fréquemment victime de collisions avec des navires.

On ne connaît pas de façon précise la population globale de dugongs, mais quelques pays disposent de chiffres fiables : il en resterait environ 70.000 dans le nord de l’Australie et 6.000 dans le golfe Persique, les deux seules régions du monde, au dire des spécialistes, où l’espèce a de vraies chances de survie à moyen terme. Car dans de nombreuses contrées, comme les Maldives ou l’île Maurice, la placide « vache des mers » n’est déjà plus qu’un souvenir.

Cet article est paru dans le Télépro du 17/10/2024

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