Le déclin de la fertilité masculine
La qualité moyenne du sperme diminue. Les polluants du quotidien ne seraient pas étrangers au phénomène.
Depuis plusieurs dizaines d’années, la question de la fertilité masculine interpelle les scientifiques. Mardi à 22h45 sur La Une, le magazine «Matière grise» s’interroge : l’homme est-il menacé de disparaître de la surface de la Terre ? Les chiffres cités dans l’émission sont surprenants. Selon la norme, la fertilité est menacée en dessous de 15 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme. Avec un déclin moyen de 1,4 million de spermatozoïdes par an, on observe qu’entre 10 et 15 % de la population masculine son proches de ce seuil.
Depuis plusieurs générations
À la fin du siècle dernier, des scientifiques danois mènent une étude d’envergure sur le sujet de la fertilité masculine. Leur objectif : évaluer si la qualité du sperme a changé en cinquante ans. Les résultats obtenus chez près de 15.000 sujets sont sans appel : «Elle a décliné (…)»
Dans le même temps, ils observent une augmentation d’anomalies génito-urinaires comme le cancer des testicules, la cryptorchidie (testicule non descendu dans la bourse) ou des malformations du pénis. Le constat de cette baisse de qualité sur plusieurs générations alerte l’opinion publique. Les détracteurs de différentes études entreprises sur le même thème par la suite restent toutefois nombreux. Ils évoquent des différences d’un pays ou d’une région à l’autre et des volontaires peu représentatifs.
Fertilité humaine en danger ?
«La fertilité humaine en danger ?», questionne, en 2012, sur son site Internet, La Cité des sciences et de l’industrie, au sujet d’une étude selon laquelle la concentration de spermatozoïdes dans le sperme des Français aurait chuté de 32 % en dix-sept ans. Elle pointe aussi du doigt quelques coupables «potentiels» en lien avec le mode de vie et l’environnement : la chaleur, les champs magnétiques, les rayonnements ionisants… mais surtout les facteurs chimiques qui joueraient le rôle de perturbateurs endocriniens. Sur le banc des principaux accusés : les pesticides, les solvants, mais aussi le tabac et le stress. À l’époque, des sceptiques estiment à nouveau que le débat n’est pas tranché.
Des polluants dans le collimateur
Cet été, dans la revue scientifique multidisciplinaire Environment International, des chercheurs britanniques et danois indiquent que «plastiques, dioxines et paracétamol pèsent lourd dans le déclin de la fertilité masculine». Pour la première fois, cette étude établit un classement des «polluants du quotidien» les plus nuisibles pour la qualité du sperme, des polluants qu’on retrouve dans la fabrication d’emballages alimentaires, de vernis, de certains cosmétiques. Le paracétamol, antidouleur bien connu, est aussi pointé du doigt. Selon l’étude, le cocktail de certaines molécules s’avère particulièrement inquiétant. Conclusion : «Des efforts soutenus pour réduire les expositions à ces substances sont nécessaires pour atténuer les risques.»
Microbiote
D’autres recherches s’intéressent au rôle du microbiote spermatique dans les problèmes de fertilité. «Ami ou ennemi ?», s’interroge en substance le magazine en ligne Slate.fr après la publication d’une cinquantaine d’études dans ce domaine. Les micro-organismes (bactéries, champignons, virus…) qui accompagnent les spermatozoïdes favorisent-il la fertilité ou sont-ils au contraire des causes d’infertilité ? La question reste ouverte.
Cet article est paru dans le Télépro du 25/8/2022
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