Le coup de jeûne : détox ou intox ?

La méthode la plus efficace serait le «16/8» consistant à répartir les repas sur 8 heures avant de jeûner les 16 suivantes © Getty Images

Jeûner peut-il contribuer à améliorer notre santé ? «Matière grise» (La Une, mercredi, 23h25) analyse les risques et bienfaits de cette abstinence.

«Mon frère saute le petit-déjeuner», «Ma collègue jeûne un jour par semaine»… Nous avons tous dans notre entourage des gens tentés par le jeûne, espérant des bénéfices sur leur bien-être, physique ou mental. L’occasion de faire le point sur cette pratique ancestrale et sur ce qui se produit lorsqu’on se prive de manger.

Mise en danger

Pendant les six premières heures d’un jeûne, le corps puise dans ce qu’il a ingéré pour faire fonctionner notre métabolisme. Ses sources d’énergie principales sont le glucose et le glycogène. Après 24 heures, ces réserves sont épuisées, ce qui peut entraîner vertiges, fatigue et maux de tête. Au bout de trois à cinq jours, l’organisme entre en état de cétose. Ce sont les muscles qui fournissent du carburant. Leurs protéines sont transformées en glucose par le foie.

Le corps va aussi puiser de l’énergie dans les réserves de graisses, qui vont produire des corps cétoniques – une énergie de secours pour le cerveau -, qui provoquent une sorte d’euphorie. Après dix jours, le jeûne commence à faire des dégâts : fonte musculaire, carences en vitamines et minéraux voire problèmes hépatiques, rythme cardiaque diminué et cerveau ralenti. Au bout d’un mois sans nourriture, le corps arrive à son stade final de privation. Sa priorité ? Le cerveau. L’organisme entre dans la phase d’autophagie : il se grignote lui-même…

Jeûne intermittent

Perte de poids, détoxification, amélioration du sommeil, sérénité… Les adeptes du jeûne n’en finissent pas de vanter ses qualités, alors que de nombreux professionnels de la santé y sont réfractaires. Cependant une variante moins radicale fait de plus en plus parler d’elle dans le monde scientifique : le jeûne intermittent. Son principe : alterner les phases de prise alimentaire et de jeûne. Il en existe plusieurs types. Le «5 : 2» consiste à n’absorber que 500 à 600 kcal deux jours par semaine et à manger normalement le reste du temps. Le «eat-stop-eat» implique un ou deux jeûnes de 24 heures par semaine. Mais la méthode la plus efficace serait le «16/8», qui invite à répartir nos repas sur 8 heures avant de jeûner les 16 suivantes.

Tradition millénaire

Quatre siècles avant Jésus-Christ, Hippocrate, célèbre médecin grec, conseillait déjà de «soigner ses petits maux par le jeûne plutôt qu’en ayant recours aux médicaments». Près de 2.500 ans plus tard, les trois grandes religions monothéistes l’incluent encore dans leurs pratiques. Lors de la fête de Yom Kippour et afin d’expier leurs fautes, les Juifs respectent vingt-cinq heures de jeûne. Durant le mois que dure le ramadan (qui débutera cette année le 13 avril), les musulmans ne peuvent ni manger, ni boire du lever au coucher du soleil. Du côté de la tradition chrétienne, les quarante jours du Carême commencent le Mercredi des Cendres pour s’achever le Dimanche de Pâques (ce 4 avril). Autrefois plus réglementé, ce jeûne est aujourd’hui appliqué de façon plus personnelle, en mangeant de manière frugale ou en se passant de «petits plaisirs».

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 01/04/2021

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