Le corbeau, ce subtil volatile
Indésirables en ville comme à la campagne, les corbeaux sont pourtant de fabuleux oiseaux à l’intelligence sous-estimée. Arte leur consacre, ce mardi à 18.55, un reportage édifiant.
Jean-Paul Rapaille, ornithologue amateur et guide pour Natagora (Pays de Herve), réhabilite ces oiseaux fascinants et utiles.
Les corbeaux n’avaient-ils pas disparu de nos régions, laissant toute la place aux corneilles ?
Les corvidés composent une grande famille réunissant plus de 130 espèces dont font partie corneilles, corbeaux, pies bavardes, geais, choucas… Chez nous, les espèces de corvidés «noirs» les plus communes (et protégées) sont les corbeaux freux, les corneilles noires, les choucas des tours et les grands corbeaux. Ces derniers avaient en effet disparu de Wallonie au début du XXe siècle, mais ont été réintroduits avec succès dans les années 1970. Aujourd’hui, le grand corbeau continue son expansion progressive et occupe une bonne partie de l’Ardenne, de la Lorraine et de la Famenne.
Comment peut-on distinguer ces grands oiseaux noirs ?
Le corbeau freux adulte possède un bec droit et gris, son plumage est entièrement noir avec des reflets bleutés. La corneille noire, elle, a un bec noir, épais, plus recourbé à son extrémité et surmonté de plumes à sa base. Sa tête est plus grosse et arrondie que celle du corbeau freux. Le choucas des tours est plus petit (de la taille d’un pigeon ramier), son plumage noir présente des reflets plus clairs sur les flancs et la poitrine. Quant au grand corbeau, il est entièrement noir comme la corneille, mais est plus grand que cette dernière. Il a un bec très fort et est reconnaissable en vol à sa queue en forme de losange.
Ces oiseaux semblent mal-aimés, autant à la campagne qu’en ville. Pourquoi ?
Il est vrai qu’ils ont mauvaise réputation : les corbeaux freux, par exemple, vivent en colonies en période de nidification. En ville comme à la campagne, ils s’installent généralement en haut des grands arbres pour plusieurs mois. Très bruyants, ils ont tendance à déranger les riverains. Leurs déjections représentent aussi une certaine nuisance. Dans les champs, ils se nourrissent des jeunes semis, contrariant sérieusement les agriculteurs !
Ils sont donc considérés comme des animaux nuisibles ?
Bien sûr que non. Leur régime alimentaire omnivore et partiellement nécrophage en fait des équarrisseurs efficaces, éliminant ainsi les cadavres avant que les maladies ne prolifèrent. Ils nettoient nos routes et autoroutes des milliers de victimes du trafic (oiseaux, mammifères, insectes, batraciens, etc.). Ils se chargent aussi de débarrasser les cultures de ses nombreux ravageurs.
Que vous inspire ce volatile ?
De l’admiration. Ce sont des oiseaux vraiment intelligents, sociables, aux comportements passionnants. Envie d’en savoir davantage ? Je conseille le guide Delachaux «Corbeaux et corneilles» de Georges Olioso, un incontournable !
Cet article est paru dans le Télépro du 26/10/2023
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