Le climat a toujours fait la pluie et le beau temps

Les pollens conservés dans la mer Morte montrent qu’à la fin de l'Âge du bronze (vers 800 av. J.-C.), la quantité de pollens a diminué de manière dramatique, indice d'une sécheresse intense © Arte/Tom Pridham

L’homme, indissociable du milieu dans lequel il évolue, est soumis aux changements climatiques. C’était vrai dès la préhistoire, ça l’est toujours aujourd’hui.

La première trace d’un cataclysme que nous conservons est sans aucun doute celui provoqué par la chute de cette énorme météorite dont le nuage de poussières empêche le soleil de faire son œuvre et plonge le monde dans un très long hiver, entraînant la disparition de la moitié des espèces animales, dont les fameux dinosaures.

Le Croissant fertile

Quand les glaces se retirent vers le Nord, vers 20.000 avant notre ère, alors qu’une brillante civilisation s’est développée au cœur du Sahara verdoyant, l’Homo sapiens, qui succède à l’homme de Néandertal, dompte de nouvelles terres devenues accueillantes où il peut puiser toutes les ressources nécessaires à son existence. Sur les bords du Tigre et de l’Euphrate, ainsi que sur les rives du Nil dont les alluvions déposées à chaque crue permettent une agriculture diversifiée et dynamique, les hommes, de plus en plus nombreux, créent des cités à l’image des dieux qu’ils vénèrent.

La Mésopotamie puis l’Égypte marqueront à jamais l’histoire de leur empreinte dont on peut encore contempler aujourd’hui de très beaux témoignages architecturaux et artistiques. Le Croissant fertile naît de la conjonction de ces grands fleuves avec un climat sec et chaud, mais parfois humide quand la nature le réclame. La civilisation égyptienne ne sombrera qu’avec l’arrivée des Romains, dans les amours contrariés de Cléopâtre. Elle aura duré plus de quatre mille ans.

L’empire d’Alexandre

De son côté, la Grèce, elle aussi, connaît son apogée au Ve siècle avant Jésus-Christ, lors du siècle de Périclès. Elle étend alors sa puissance jusqu’en Sicile et dans le sud de l’Italie et commerce avec l’Europe entière. Tout ceci n’est possible qu’avec la connaissance des courants marins et des vents permettant aux marchands de vaincre les flots souvent tumultueux de la Méditerranée. Deux siècles plus tard, un climat clément a sans aucun doute permis à Alexandre le Grand de pousser son empire jusqu’aux rives de l’Indus, bien loin de sa Macédoine natale. Un tel rayonnement fut possible grâce à la bienveillance du temps, même si, en hiver, certaines régions montagneuses de la Grèce sont privées d’échanges en raison des chutes de neige.

Douceur romaine

La période romaine, baignée d’une douceur étonnante, est aussi révélatrice d’une époque sans excès climatiques. On se souvient de la traversée des Alpes par Hannibal et ses troupes à dos d’éléphant alors qu’ils gravissent sans difficulté le sentier qui mène au sommet du col du Petit-Saint-Bernard à 2.000 mètres d’altitude. Les grands glaciers ont alors quasiment disparu pour réapparaître plusieurs siècles plus tard. En lisant attentivement «La Guerre des Gaules» de Jules César, il n’est jamais fait mention d’un froid intense qui aurait bloqué les légions à l’assaut des peuples du Nord. D’ailleurs, quand on voit l’équipement des soldats, rien n’indique qu’ils souffrent du froid.

Fleuves gelés et hivers rudes

C’est ainsi que l’Empire romain s’est étendu du centre de l’Angleterre à l’Asie Mineure, nourri par des terres agricoles fertiles, accueillant céréales, fruits et vignes en abondance. Certes, les écrits nous rapportent des flottes entières coulées par de fortes tempêtes ou l’éruption volcanique du Vésuve qui détruisit Pompéi et Herculanum, mais rien d’excessif. Tout change à partir du IVe siècle de notre ère. Le climat se fait plus rude et les tribus germaniques, qui rêvent d’en découdre avec les soldats romains, profitent en hiver des fleuves gelés, comme le Rhin, pour les traverser sans devoir construire de ponts. Rome sombre alors sous leurs coups de boutoir.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/5/2022

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