Laure de Berny, d’Honoré la bien-aimée
Balzac ne serait peut-être jamais devenu écrivain, s’il n’y avait eu cette maîtresse, mécène et muse qui aurait pu être… sa mère !
Connaissez-vous celle qui fit battre le cœur de Balzac (1799-1850) ? L’histoire retient la comtesse Hanska. C’est effectivement la seule femme que l’écrivain a épousée, dans les tout derniers mois de sa vie. Mais le grand amour de Balzac porte le nom de Laure de Berny (1777-1836). Samedi à 20h20, France 5 dresse son portrait dans la série de documentaires «Les Égéries des grands hommes».
Ironie de l’histoire : c’est Balzac qui fit entrer le mot «égérie» dans la langue française. Il s’inspira de la nymphe romaine Égérie pour donner au mot le sens connu aujourd’hui. Personne n’eut donc d’égérie avant Balzac et sa très chère Laure de Berny…
Un écrivain raté
Balzac est l’un des plus grands auteurs français. «Le Père Goriot», «Eugénie Grandet», «Illusions perdues»… La centaine de romans et nouvelles qui composent «La Comédie humaine» dressent une formidable fresque de son époque. Au printemps 1822, Balzac est pourtant persuadé d’avoir raté sa vie. À 22 ans, Honoré a entamé des études de droit, mais refuse d’être clerc de notaire. Il a publié plusieurs livres, sans succès. Accablé par ses échecs, il quitte Paris pour rentrer chez ses parents, à Villeparisis.
Là, vit Laure de Berny. Fille d’un musicien de Louis XVI et d’une femme de chambre de Marie-Antoinette, elle est née en 1777. À 15 ans, elle a épousé un homme de dix ans son aîné, qui lui a donné neuf enfants. Lorsqu’elle fait la connaissance de Balzac, Laure est séduite par sa culture et son beau langage. Elle l’engage pour donner des leçons à ses filles.
Les règles du jeu
Laure de Berny est intelligente, pétillante, drôle… et Balzac en tombe vite amoureux ! Dans ce milieu aristocratique où les mariages sont de convenance, les relations extraconjugales font partie des règles du jeu. Mais cette mère est méfiante en raison de leur différence d’âge. Elle a 45 ans, ce qui est un âge mûr pour une dame de l’époque.
Dans un premier temps, elle pousse Honoré dans les bras de sa fille, Julie. Mais le fougueux écrivain n’a que faire d’une jeunette, il veut la mère ! Comprenant sa sincérité, Laure finit par succomber.
Cette liaison va se révéler essentielle pour Balzac. Rejeté par sa mère et souffrant de déprime chronique depuis l’enfance, il trouve auprès d’elle une base affective solide. Elle lui donne confiance en lui et le soutient dans sa vocation d’auteur. En 1829, il publie «Physiologie du mariage», suivi en 1831 par «La Peau de chagrin».
Morte et enterrée
Dès ces premiers succès, l’écrivain est assailli par des milliers d’admiratrices. Laure de Berny comprend qu’elle va le perdre. Mais elle reste proche de lui, relit ses manuscrits, le conseille et le protège. Lorsqu’elle meurt d’une affection cardiaque, en 1836, Balzac est en Italie avec l’une de ses maîtresses. À son retour, Laure est enterrée. «Elle était tout pour moi», écrit-il alors. Et il ajoute : «Elle a fait l’écrivain»…
Cet article est paru dans le Télépro du 26/6/2021
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici