Laura Bassi, la Lumière de Bologne
Grâce aux témoignages d’historiennes et de scientifiques, Arte entend rendre un hommage mérité à Laura Bassi, illustre mathématicienne et physicienne italienne. Ce samedi à 23h20, Arte diffuse « Un jour à Bologne en 1752 – La physicienne Laura Bassi ».
Passer sous silence l’impact du courage et des esprits géniaux féminins, dans des domaines divers, est un constat malheureusement bien trop fréquent dans nos livres d’histoire. Laura Bassi (1711-1778), éminente femme de sciences née à Bologne, n’échappe pas à ce sort injuste. Portrait.
Capacités précoces
L’esprit vif de Laura, née en 1711 à Bologne dans une famille relativement aisée, est rapidement remarqué par son père. Ne rechignant pas à voir sa fille embrasser une voie intellectuelle, ce dernier, avocat de formation, confie son éducation à Gaetano Tacconi, professeur de médecine à l’université de Bologne. Le maître n’épargne rien à la petite : anatomie, chimie, algèbre, philosophie, grec, latin, français et même mécanique, la formation est complète.
En 1732, Laura Bassi soutient un examen appelé « disputatio ». Devant tout le gratin intellectuel de la ville, la jeune femme défend pas moins de 49 thèses philosophiques. Au cœur de ce public éclairé, un homme est particulièrement impressionné : le cardinal Prospero Lambertini, futur Pape Benoît XIV. Laura devient la première femme au monde à recevoir un doctorat en sciences et la deuxième pour celui de philosophie.
Rock star de la physique
À 21 ans, tout en poursuivant ses études, Laura commence à enseigner l’anatomie, la physique et les mathématiques à Bologne, devenant ainsi la première femme enseignante salariée d’une université au monde. Elle est parmi les premières intellectuelles à introduire les idées newtoniennes en Italie et la réputation de ses leçons dépassent très rapidement les frontières de son pays, attirant des curieux à travers toute l’Europe. « Ses cours ont été suivis par de grands savants de l’époque, comme le célèbre biologiste Lazzaro Spallanzani ou le fameux physicien Alessandro Volta », détaille le journal universitaire Alma Mater. « Elle a également compté au rang de ses admirateurs la physicienne française Émilie du Châtelet et Voltaire, avec lesquels elle correspondait. »
Soutien pontifical
Dans le courant des années 1740, une chaire de physique expérimentale est spécialement créée pour elle par l’Institut des sciences. Giuseppe Verratti, qui n’est autre que l’homme qu’elle a épousé en 1738 et avec qui elle aura six enfants, devient son assistant. En 1745, Prospero Lambertini, alors devenu Pape, décide de fonder les Benedettini, une Académie pour le progrès des sciences. Vingt-cinq postes sont à pourvoir. Si les vingt-quatre premiers scientifiques à être sélectionnés sont des hommes, Benoît XIV n’a aucun doute sur l’identité du dernier membre, ce sera Laura Bassi, celle qui l’avait ébloui quelques années plus tôt. Qu’importe les grognements qui se font entendre à l’idée qu’une femme occupe cette position prestigieuse, le Pape, rejoint par de nombreux professeurs bolonais, manœuvre pour la faire admettre dans son académie. Lorsque Laura Bassi meurt, en 1778, son fauteuil devient vacant et le restera jusqu’en 1829, année de l’admission de la seconde femme dans cette académie : l’obstétricienne Maria Dalle Donne.
Cet article est paru dans le Télépro du 5/9/2024
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici