L’ascenseur, machine à frissons

Vers quel étage ? © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Ce jeudi à 19h50 sur RTL tvi, «Tout s’explique» nous emmène à bord du moyen de transport le plus utilisé au monde et aussi le plus sûr : l’ascenseur !

Merci Otis !

Dès l’Antiquité, les hommes ont cherché à faciliter l’ascension et ont imaginé des systèmes de poulies activées par des animaux. Ainsi, en 236 avant notre ère, Vitruve (architecte romain) décrit un appareil élévateur dont Archimède serait l’inventeur. Bien plus tard, au milieu du XVIIIe siècle, la «chaise volante» permettait au roi de France Louis XV de rejoindre ses appartements situés au troisième étage du château de Versailles. Mais pour voir la création de véritables ascenseurs, il faut attendre le XIXe siècle.

En 1853, l’Américain Elisha Graves Otis, considéré comme le père de l’ascenseur moderne, réalise un monte-charge à treuil actionné à la vapeur et doté d’un système de frein révolutionnaire : le «parachute». En 1857, cet ascenseur est installé dans un immeuble de New York. Cette invention va permettre le développement des gratte-ciel. En 1867, l’ingénieur français Félix Léon Edoux construit un ascenseur hydraulique, installé au palais du Trocadéro de Paris. Il faut ensuite attendre 1880 pour que Werner von Siemens présente, pour la première fois, un ascenseur électrique en Allemagne.

L’ascenseur qui ne s’arrête jamais

Le paternoster est un ascenseur étonnant : il se compose d’une chaîne de cabines ouvertes dans lesquelles les passagers montent ou descendent sans que l’ascenseur ne s’arrête. Son nom provient de l’analogie avec un chapelet sur lequel on récite la prière «Notre Père». Inventé par un architecte anglais, Peter Ellis, à la fin du XIXe siècle, cet ascenseur était surtout populaire en Allemagne et dans les pays de l’Est. Au départ, le paternoster a connu le succès car il transportait plus de personnes en un temps donné que les ascenseurs classiques. Mais il a été abandonné dans la plupart des pays en raison de sa vitesse limitée et du risque d’accident trop élevé. En Belgique, l’un des derniers modèles du genre (qui n’est pas accessible au public) fonctionne toujours dans les bâtiments de la SNCB à Bruxelles-Midi.

Plus haut

Considéré comme l’ascenseur extérieur le plus haut du monde, le Bailong («Cent Dragons»), situé dans le parc forestier national de Zhangjiajie (en Chine), mesure plus de 326 m de hauteur. Construit dans un écrin de verdure le long de la roche, il a été utilisé par James Cameron comme décor pour le film «Avatar». Plus proche de nous, l’ascenseur Hammetschwand, situé à Bürgenstock (en Suisse), est le plus élevé d’Europe. Sa structure verticale de 153 m de hauteur longe une paroi rocheuse et son sommet offre une vue magnifique sur les Alpes suisses.

Toujours plus vite

En Chine, la Shanghai Tower, d’une hauteur de 632 m, est équipée d’ascenseurs capables d’atteindre la vitesse record de 73,8 km/h. Toujours en Chine, l’ascenseur du CTF Finance Centre de Guangzhou voit son compteur pointer à 72 km/h et celui du Taipei 101 à plus de 60 km/h. Il fut une époque où la Belgique s’illustrait, elle aussi, dans ce domaine. En effet, l’ascenseur de l’Atomium, à Bruxelles, est capable de transporter 500 personnes à l’heure à une vitesse de 5 mètres par seconde (soit 18 km/h). Lors de sa mise en service en 1958, il était alors l’ascenseur le plus rapide du monde.

Sous-marin

Sur la côte nord-est de l’Allemagne, un ascenseur étonnant emmène les visiteurs… sous la surface de la mer Baltique ! Construit en 2009 dans une architecture de style victorien, «Le Tauchgondel» (littéralement la gondole plongeuse) fonctionne comme un ascenseur et comporte quatre capsules, étanches et en forme de cloches, permettant d’observer la vie sous-marine.

Attraction lisboète

Au cœur de Lisbonne, l’ascenseur de Santa Justa fait la fierté de la capitale portugaise. Ce monument insolite a été conçu en 1902 par l’ingénieur Raoul Mesnier du Ponsard, élève de Gustave Eiffel. Cet ascenseur haut de 45 m permet de relier le quartier pittoresque Baixa Pombalina et le Bairro Alto, le «quartier haut» de la ville. Au départ actionné par une machine à vapeur, il fut entièrement électrifié en 1907. Ses deux cabines décorées d’un intérieur en bois peuvent chacune transporter 24 personnes jusqu’au palier supérieur offrant une vue imprenable sur la ville.

Musique d’ascenseur

Le terme «muzak» désigne, en Amérique du Nord, la «musique d’ascenseur», qui a aujourd’hui une connotation péjorative. Imaginé par la société américaine Muzak Corporation en 1934, ce style musical, censé masquer discrètement les bruits ambiants, avait au départ pour objectif de rassurer les passagers qui empruntaient un ascenseur. La muzak a ensuite été utilisée dans les entreprises pour augmenter la productivité des employés, puis dans les supermarchés pour pousser à la consommation. Des artistes reconnus ont créé de la muzak. Glenn Miller a composé un titre spécialement pour le hall et les ascenseurs de l’hôtel Pennsylvania de New York, et le Britannique Brian Eno a proposé «Music for Airports» en 1978.

Cet article est paru dans le Télépro du 14/3/2024

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