L’art du scandale

C'est fou ce qu'un coup de pinceau peut déclencher comme remous ! © Arte
Aurélie Bronckaers
Aurélie Bronckaers Journaliste

Des artistes suscitent la controverse grâce à leurs dix doigts… Ce mercredi à 22h50 sur Arte, le documentaire «Polémiques et scandales. Et l’art dans tout ça ?» va à leur rencontre.

Quelles sont les limites de la liberté artistique ? Jugés sexiste, raciste ou provocant, certains artistes ne connaissent pas l’autocensure. Quitte même à provoquer l’indignation du public. Focus sur trois œuvres qui créent le débat.

L’Origine du monde» de Gustave Courbet

Ce tableau de 1866 est la première toile à dévoiler l’intimité féminine de manière aussi frontale. L’une des œuvres les plus populaires du mouvement réaliste, apparu en France et en Grande-Bretagne au milieu du XIXe siècle. Le modèle, encore inconnu à ce jour, est représenté dans son plus simple appareil. Une provocation pour l’époque… Et encore d’actualité ! En 2015, Facebook a désactivé le compte d’un professeur qui avait publié une photo de la toile. Une censure qui questionne encore la représentation de la nudité féminine dans l’art. L’œuvre est exposé au Musée d’Orsay à Paris.

«L.O.V. E» de Maurizio Cattelan

À première vue, la sculpture de l’artiste italien Maurizio Cattelan n’incite pas à la paix, ni à l’amour. Cette œuvre en marbre de Carrare est un géant doigt d’honneur de 6 tonnes et 11 mètres de hauteur. Baptisé «L.O.V. E», le sigle signifie en réalité «Liberté, Haine, Vendetta et Éternité» en italien. Une critique de l’idéologie selon son créateur, un message peu subtil au monde de la finance pour d’autres. En effet, la main est exposée depuis 2010 en face de la Bourse de Milan, en accord avec le maire de la ville.

Ce n’est pas la première ni la dernière sculpture choc de Maurizio Cattelan. Il est aussi l’auteur de «La Nona Ora» (1999), une œuvre représentant le pape Jean Paul II tué par une météorite, et de «Him» (2002), une statue d’Hitler agenouillé en plein recueillement.

«Tree» de Paul McCarthy

Le 16 octobre 2014, les Parisiens ont crié au scandale. L’œuvre nommée «Tree», traduit par «arbre», était installée place Vendôme à l’occasion de la Foire internationale d’art contemporain. La sculpture gonflable de 24 mètres a surpris de nombreux passants en raison de sa forme, semblable à un sextoy. «Tout est parti d’une plaisanterie», s’est justifié l’artiste américain au journal Le Monde. «À l’origine, je trouvais que le plug anal avait une forme similaire aux sculptures de Brancusi. Après, je me suis rendu compte que cela ressemblait à un arbre de Noël. Mais c’est une œuvre abstraite. Les gens peuvent être offensés s’ils veulent se référer au plug, mais pour moi, c’est plus proche d’une abstraction.» L’œuvre est vandalisée et retirée quelques heures après son installation, Paul McCarthy sera même agressé en rue. Les réseaux sociaux s’enflamment. «Place Vendôme défigurée ! Paris humilié !», pourra-t-on lire par exemple sur Twitter.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 23/4/2020

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