
L’art de la rhétorique : dites-le avec style !
« J’aime à dire », l’émission qui met à l’honneur l’art de la rhétorique en donnant la parole à des jeunes de 14 à 30 ans, revient pour une deuxième édition mardi à 21h sur France 4.
Plongeons dans les méandres de la langue française pour découvrir si vous saurez identifier ses figures de style sans vous perdre dans les courants trompeurs du langage ! (Voici une métaphore filée, par exemple !)
1. La célèbre réplique de Corneille « Va, je ne te hais point » est :
a. une litote
b. une antiphrase
c. une antithèse
2. Et celle de Corneille : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » ?
a. une litote
b. une antiphrase
c. une antithèse
3. Quant à l’usuel « C’est malin ! » ?
a. une litote
b. une antiphrase
c. une antithèse
4. Laquelle de ces citations de Racine est une allitération, figure reposant sur la répétition d’un même son consonantique ?
a. « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (Andromaque)
b. « Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. » (Phèdre)
c. « Je percerai le cœur que je n’ai pu toucher » (Andromaque)
5. « Il n’a pas mis le nez dehors » est :
a. une métonymie
b. une synecdoque
c. une métaphore
6. Quelle est la différence entre une comparaison et une métaphore ?
a. La métaphore est toujours beaucoup plus longue
b. La comparaison rapproche deux éléments alors que la métaphore les oppose
c. La métaphore ne comporte pas d’élément grammatical explicitant la comparaison
7. L’euphémisme consiste en :
a. la répétition d’un même mot pour marquer son intensité
b. l’atténuation d’une réalité brutale par l’utilisation de mots plus doux
c. l’exagération d’une idée pour créer une forte impression
8. L’antanaclase est une figure de style consistant à utiliser deux fois le même mot dans une phrase en lui donnant deux sens différents. Laquelle de ces phrases en est un exemple ?
a. « Tel est pris qui croyait prendre. »
b. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » (Blaise Pascal)
c. « Ô triste, triste était mon âme / À cause, à cause d’une femme. » (Paul Verlaine)
9. Le 25 août 1944, lors de la libération de Paris, le général de Gaulle prononce un discours célèbre : « Paris, Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! » De quelle figure de style s’agit-il ?
a. Une anaphore
b. Une anaphrase
c. Un photophore
10. Le personnage féminin de « La Liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix (1830) est :
a. Une fable
b. Une allégorie
c. Une parabole
11. La catachrèse détourne un mot de son sens propre pour l’appliquer à une autre réalité. Le(s) quel(s) de ces exemples en sont ?
a. Pied de table
b. Le jour se lève
c. À cheval sur un mur
d. Dent de scie
e. Plume de stylo
f. Feuille de papier
12. « Kakemphaton », voilà une figure de style au nom compliqué. Il vient du grec « kakós » (« mauvais, mal ») et « emphaínô » (« paraître, montrer »). Que cache-t-il alors ?
a. L’utilisation d’un mot qui, à cause de son double sens, crée une ambiguïté
b. Un calembour, volontaire ou non : une figure de style basée sur l’homonymie ou la polysémie
c. La création d’un discours grossier à partir de mots usuels
13. Lequel de ces titres de Johnny Hallyday est un oxymore ?
a. « Retiens la nuit »
b. « Noir c’est noir »
c. « Douce violence »
14. « Boire un verre » est :
a. une métonymie
b. une anaphore
c. un oxymore
15. « C’est un véritable Apollon ! » est :
a. Une antonomase
b. Une ontanamose
c. Une amontonase
Réponses
1.a. La litote est une façon de suggérer plus en en disant moins. Comme quand on affirme « Ce n’est pas mauvais ! » en parlant d’un bon petit plat.
2.c. L’antithèse rapproche dans une même phrase deux mots qui suggèrent des idées contradictoires afin de créer un contraste fort. Ici, grâce à « péril » et « gloire ».
3.b. L’antiphrase, c’est dire le contraire de ce que l’on pense, avec ironie.
4.a. La répétition du « s » rappelle le bruit du serpent. La proposition b est une assonance, utilisant la répétition d’un son vocalique, ici le « i ». La c est une syllepse de sens, qui consiste à utiliser le sens propre et le sens figuré d’un même mot dans une phrase (le cœur comme organe et comme lieu de l’affection).
5.a et b. La synecdoque est une forme particulière de la métonymie qui consiste à remplacer un mot par un autre avec lequel il entretient un rapport d’inclusion : la partie pour le tout (le nez pour tout le corps) ou le tout pour la partie (« La Belgique remporte l’Or en heptathlon aux JO » : il n’y a évidemment que Nafi Thiam qui a été récompensée !).
6.c. La comparaison rapproche deux éléments à l’aide d’un terme comparatif (« comme », « tel que », « pareil à »). La métaphore se passe de cet outil grammatical pour faire ressortir une ressemblance sous forme d’image. Ainsi, lorsque Baudelaire écrit « Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage », il fait une métaphore. « Ma jeunesse fut comme un ténébreux orage » aurait été une comparaison.
7.b. Par exemple « Il nous a quittés » pour « il est mort ».
8.b. « Raisons » au pluriel est ici un synonyme de « motivations », alors que « raison » doit se comprendre comme « discernement, jugement, bon sens ».
9.a. L’anaphore est la répétition d’un même (groupe de) mot(s) en début de phrases successives.
10.b. En littérature comme en peinture ou en sculpture, l’allégorie rend concret un concept abstrait (le Temps, la Mort, l’Amour…), le plus souvent à l’aide d’une personnification. Dans la toile de Delacroix, la femme brandissant un drapeau français représente l’idée de Liberté, qui motive le peuple français à se révolter.
11. Tous. La catachrèse est en fait une métaphore, une métonymie ou une synecdoque qui est entrée dans le langage courant.
12.b. Quand Corneille écrit « Et le désir s’accroît quand l’effet se recule », il est peu probable qu’il ait voulu qu’on entende « Elle désire sa croix quand les fesses reculent »… Boby Lapointe, par contre, était un expert : « Mon père est marinier/ Dans cette péniche/ Ma mère dit la paix niche/ Dans ce mari niais »
13.c. L’oxymore allie deux mots au sens contradictoire. Comme le « silence assourdissant » d’Albert Camus (« La Chute », 1956).
14.a. La métonymie est une figure de style de substitution : elle remplace un terme par un autre avec lequel il entretient un rapport logique. Ici, le contenant pour le contenu.
15.a. Cette figure remplace un nom commun par un nom propre : un Don Juan (un séducteur), un Tartuffe (un hypocrite), un Michel-Ange (un grand peintre), une Pénélope (une épouse fidèle)…
Cet article est paru dans le Télépro du 13/3/2025
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