Lapin, lapin, entre et viens… !
Nous croyons les connaître et pourtant ! Lièvre et lapin nous réservent bien des surprises. Ce samedi à 20h05, Arte diffuse «Lapins et lièvres : la fabuleuse histoire des grandes oreilles».
Jeannot lapin, Panpan, Bugs Bunny : quand le lapin montre le bout de son nez, la queue du lièvre, son cousin, n’est jamais bien loin : les deux compères mènent la danse et nous accompagnent bien souvent depuis notre enfance. Deux sacrés «sacripanpans» !
Le lapin n’est pas un lièvre
Ils sont de la même famille (les léporidés)…, mais pas trop. Grandes oreilles, dents pivots supérieures, pattes arrière puissantes…, les deux herbivores présentent quelques similitudes, mais aussi (surtout ?) des différences. Plus petit, le lapin (dit de garenne quand il est sauvage) pèse en moyenne 1,5 kg, contre 3 à 5 kg pour le lièvre.
Les oreilles de ce dernier sont plus longues. Elles se terminent par une tache noire, comme la queue, alors que celle du lapin est blanche. Côté habitat et vie sociale, le lapin a opté pour le terrier (dont il s’éloigne peu), la vie en groupe et les sorties à l’aurore et à la nuit tombante. Le lièvre quant à lui est un solitaire, il vit dans les buissons et sort quand le jour tombe. De la même famille, mais pas vraiment l’occasion de se croiser.
Rien ne sert de courir !
Quand on parle du lièvre, c’est celui de Jean de La Fontaine qui surgit en trombe de la mémoire. Un sacré lascar, prétentieux au point d’imaginer qu’il lui suffirait de quelques foulées pour planter la tortue sur la ligne de départ. Moulé dans sa combinaison brune, il a le corps fuselé comme une voiture de course. Le genre «sportif de haut niveau», qui utilise ses pattes arrière grandes et musclées pour sauter 2 mètres de longueur, traverser une rivière à la nage et est flashé à 80 km/h en rase campagne.
Un champion classé 9e des animaux les plus rapides sur Terre… loin devant son adversaire du jour. Et si ce matin de 1668, où pour la première fois le récit de la course a été publié, celui-ci s’était intitulé «Le lièvre et le lapin» ? Avec des pointes à 40 km/h pour le «garenne», et une détente de 1 mètre à peine, la course aurait aussi semblé bien disproportionnée. À moins qu’une fois encore Jean de La Fontaine n’ait décidé d’y mettre le bout de son nez.
Lapin et lièvre à toutes les sauces
Fière comme un paon, la langue française s’enorgueillit de nombreuses expressions mettant en scène des animaux. Loin de s’entendre comme chien et chat sur ce terrain-là, le lapin et le lièvre contribuent à l’alimenter de concert. Quand vous « levez un lièvre », vous débusquez quelque chose avant les autres, comme les chasseurs qui, dès le XVIIe siècle, repéraient les premiers le pauvre animal dans son gîte.
Quelqu’un vous a posé un lapin ? Cela vous consolera peut-être de savoir que vous n’êtes pas le premier à qui cela arrive. Selon Le Figaro, l’expression remonterait au XIXe siècle. Elle signifiait alors «ne pas rétribuer une femme qui vient de vous vendre ses faveurs», «par allusion au lapin posé sur les tourniquets des jeux de foire, que l’on pense facile à gagner et qu’on ne gagne jamais», précise Georges Planelles dans «Les 1001 expressions préférées des Français» (Éd. de L’Opportun).
Quelle santé !
Le comportement sexuel débordant de l’animal a fait naître l’expression «chaud lapin». C’est qu’il a une sacrée santé, le gaillard : capable de se reproduire dès l’âge de 6 mois, pendant au moins six ans, tout au long de l’année. Enfin, pas vraiment. La lapine est en chaleur entre février et mai. Une fois fécondée, elle porte les petits (2 à 6 lapereaux en général, jusqu’à 12 pour les lapins de grande taille) pendant une trentaine de jours (entre 28 et 34). Vingt-quatre heures après avoir mis bas, elle est à nouveau fécondable. C’est à ce moment que le mâle est susceptible de remettre le couvert. Quelques secondes d’accouplement (le bouquinage), bascule sur le côté, cri aigu : c’est aussi ça le show lapin.
Mieux vaut en rire
Vous en savez un peu plus sur le lièvre et le lapin ? Si ce n’est pas le cas, mieux vaut en rire. Car sur ce terrain-là aussi, ils sont présents et inspirants.
Comment appelle-t-on un lapin qui dit : «Je suis un lapin» ? Un lapin qui parle ! Une autre ? Pourquoi un lapin est-il bleu ? Parce qu’on lapin (l’a peint). Une dernière ? Un enfant rentre de l’école et dit à sa maman : «Maman, tout le monde me dit que j’ai de grandes oreilles !». Sa maman lui répond : «Mais non, mon lapin…».
Rien ne se perd !
Les lièvres et les lapins mangent une partie de leurs excréments, de manière très discrète, d’ailleurs, car souvent très tôt le matin ou la nuit. Il s’agit des cæcotrophes (prononcez «sékotrof»), qui sont réingérées de façon à en extraire les éléments qui n’ont pas pu être assimilés lors du premier passage. Chez les animaux non plus, on ne gaspille pas !
Heureux comme un lapin…
Quand un lapin est contrarié, il le fait savoir. En balançant son écuelle, on tapant de la patte arrière (comme Panpan dans «Bambi»)… Quand il est heureux, il vous tient aussi au courant ! Ce sont de petits animaux expressifs. Dans les moments d’excitation et de bonheur, leurs comportements semblent tourner à l’hystérie : mouvements incontrôlables, sautillements, courses rapides, virages brutaux… Donc pas d’inquiétude. Votre lapin n’est pas devenu fou, il est content.
Cet article est paru dans le Télépro du 22/12/2022
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