L’Acropole d’Athènes, citadelle éternelle

Depuis 2.400 ans, l’Acropole domine la capitale grecque © France 5
Alice Kriescher Journaliste

Vendredi à 16h30, France 5 nous emmène sur le rocher massif où se dresse la citadelle surplombant la ville depuis 2.400 ans.

L’Acropole d’Athènes nous fascine autant qu’elle nous interroge, et son aura attire chaque année des millions de visiteurs. Il faut dire que sur une surface d’un peu moins de trois hectares se trouve le plus remarquable ensemble de monuments que la civilisation grecque antique ait jamais produit.

Berceau de valeurs

Située sur une colline d’une hauteur moyenne de 156 mètres, qui s’élève dans le bassin de la capitale grecque, c’est au Ve siècle avant J.-C. que la citadelle commence à prendre l’ampleur que nous lui connaissons aujourd’hui. À cette époque, surpuissants et victorieux des Perses, les Athéniens se lancent dans des programmes ambitieux de constructions. En chef de file de cette fièvre architecturale, l’orateur et grand homme d’État, Périclès.

Pour transformer le rocher brut en constructions prestigieuses, il faut des cadors du milieu comme l’architecte Mnésiclès ou le sculpteur Phidias. Ce sont eux les têtes pensantes du joyau antique. «Ce groupe exceptionnel a transformé la colline rocailleuse en un complexe unique, annonciateur de l’émergence de la pensée et de l’art grec classique», détaille l’Unesco. «Sur cette colline sont nés la démocratie, la philosophie, le théâtre, la liberté d’expression et de parole, à l’origine, aujourd’hui encore, des bases intellectuelles et spirituelles du monde contemporain et de ses valeurs.»

Défi technique

Observer le complexe monumental qui constitue l’Acropole d’Athènes nous laisse toujours avec cette question : comment un tel endroit a-t-il pu être construit par les anciens Grecs ? Avec ses 22.000 tonnes de marbres précieux, le Parthénon, dédié au culte d’Athéna, déesse protectrice de la ville, constituait le plus grand temple de son époque. C’est sur le Pentélique, une montagne située à 17 kilomètres de la capitale, dont les parois regorgent de marbre, que les constructeurs se sont approvisionnés et ont extrait manuellement les blocs nécessaires à l’érection du Parthénon. Une route tracée entre le Pentélique et Athènes permettait à des charrettes, tirées par des mules, d’acheminer les blocs.

Mais c’est une fois sur place que le travail véritablement herculéen débutait. Pour que le marbre atteigne le point culminant de la colline, les ouvriers athéniens ont construit une rampe de pierres lisses dont la pente ne dépassait pas 10 %. Aujourd’hui, il ne reste que quelques vestiges de cette astuce. «Aux pieds de la colline, on plaçait une charrette équipée de roues gigantesques pour supporter le poids des blocs de marbre», détaille-t-on dans le documentaire. «Au sommet de la rampe se trouvait une poulie en bois solidement ancrée dans le sol, une épaisse corde reliait la charrette en contre-bas à la poulie. L’autre extrémité de la corde était fixée à une seconde charrette positionnée au sommet de la colline et remplie de gravas pour faire contrepoids. Une sorte de téléphérique avant l’heure.»

Tremble mais ne rompt pas

L’autre point de fascination lorsque l’on évoque l’Acropole d’Athènes, c’est la résistance de ses monuments face aux affres du temps. D’autant plus, lorsque l’on sait que la Grèce est un pays particulièrement exposé aux tremblements de terre. En 2008, une équipe de scientifiques japonais est d’ailleurs venue sur place pour tenter de percer les secrets de la résistance sismique du lieu. Non seulement les caractéristiques géologiques du site diffèrent du reste de la ville par leur stabilité, mais les Athéniens, en fin connaisseurs de la réaction des bâtiments face aux séismes, n’ont rien laissé au hasard.

Les pierres qui constituent le Parthénon sont pourvues de broches en fer sur lesquelles du plomb fondu a été coulé, ce qui les scellent de manière hermétique, les empêchent de rouiller et permettent aux bâtiments de mieux résister aux tremblements de terre. «Le plomb est plus souple que le fer», détaille Zannis Konteas, ingénieur. Ainsi, lors d’éventuels séismes, les blocs peuvent bouger tout en étant maintenu par les broches. «La technique est très efficace, la longévité du Parthénon le prouve !»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 5/11/2020

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