Labos versus virus : comment le vaccin contre le covid-19 a été développé

Un élan commun inédit dans l’histoire de la recherche pharmaceutique a mû la découverte des différents vaccins anticovid © Arte/BBC/Wingspan Productions

L’incroyable épopée de cinq laboratoires en quête des vaccins contre le covid-19.

Une page d’histoire : c’est ce que raconte «Covid-19, la course aux vaccins», le documentaire de Catherine Gale diffusé mardi à 20h50 sur Arte. Pendant plus de quinze mois, sur cinq continents, la réalisatrice a suivi cinq équipes de chercheurs en quête des vaccins contre le Sars-CoV-2. Des femmes et des hommes, cloîtrés dans leurs laboratoires, des combattants de l’ombre lancés dans une course contre la mort sans précédent. Une des plus grandes épopées scientifiques de notre temps.

Casting hors norme

Au printemps 2020, une centaine d’équipes travaillent sur les vaccins. «Nous étions au fait des avancées du Moderna et du Pfizer», explique le producteur Archie Baron. Celui-ci entretient aussi «des liens étroits» avec le Jenner Institute d’Oxford (AstraZeneca). L’Australien Keith Chapelle, de l’université du Queensland à Brisbane, est également intéressé par le projet de documentaire.

Autre participant de choix : le virologue George Fu Gao, un des scientifiques chinois les plus en vue dans le dossier. Le 10 janvier 2020, c’est lui qui a donné l’alerte à la planète tout entière après que ses équipes ont effectué le séquençage de la pneumopathie d’origine inconnue détectée à Wuhan.

Sauver des vies

Pour faire aboutir son projet, la réalisatrice doit franchir plusieurs obstacles. Les conditions de travail en période de crise sanitaire et les nombreux déplacements ne facilitent pas les choses. Il lui faut aussi gagner la confiance des intervenants.

Pour donner toute la dimension humaine de ce combat, ceux-ci sont filmés sur leur lieu de travail, mais aussi chez eux. Ils livrent leurs impressions, témoignent de leur implication. Une des questions abordées concerne notamment la compétition susceptible d’exister entre les équipes et les différents projets. Tant le producteur que la réalisatrice sont formels sur ce point. Le monde de la recherche est petit, les individus se connaissent, certains ont même parfois travaillé ensemble dans le passé et ils sont au courant des recherches sur lesquelles les uns et les autres travaillent.

La concurrence existe donc bel et bien. Mais une chose semble avoir compté par-dessus tout pour chacun. «Bien sûr, tous voulaient atteindre la ligne d’arrivée au plus vite, mais leur motivation était d’abord de sauver le plus de vies possibles», affirme Catherine Gale. «Tous luttaient contre le virus et pas les uns contre les autres,» surenchérit Archie Baron.

Big Pharma

Concrètement, de grands groupes pharmaceutiques, traditionnellement concurrents, ont décidé de s’allier dans la lutte : le français Sanofi, par exemple, a signé un accord de partenariat avec Moderna pour l’embouteillage de doses de vaccins aux États-Unis, mais aussi avec GSK (développement d’un vaccin commun), Pfizer-BioNTech et Johnson & Johnson.

L’industrie pharmaceutique ne s’est toutefois pas subitement muée en monde des Bisounours. Ainsi, Pfizer n’a pas hésité à augmenter ses prix en raison des déboires de la concurrence. Par ailleurs, nombreux ont été ceux qui ont mis en avant le caractère opaque des négociations entre l’Union européenne et les groupes pharmaceutiques au moment de la signature des contrats de préachats des vaccins.

Ne comptez toutefois pas sur le documentaire pour répondre aux questions que vous vous posez peut-être sur le volet très polémique du rôle des «Big Pharma» sur le coût des recherches, l’impact politique ou social de la vaccination : «En tant que documentaristes, nous devions faire un choix. Il s’est porté sur les concepteurs des vaccins qui n’ont pas ou peu d’influence sur l’usage qui est fait de leurs découvertes.»

Cet article est paru dans le Télépro du 15/7/2021

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