La viande mise au ban de l’assiette
Peut-on se passer de produits carnés ? Telle est la question que Maria Del Rio se pose dans «Tout s’explique» ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI.
Pythagore, le précurseur
Le végétarisme a le vent en poupe depuis quelques années. Pourtant, ce mouvement a des origines très anciennes. Il trouve ses racines dans l’Antiquité.
Déjà au VIe siècle avant notre ère, Pythagore refuse de manger de la chair animale, de porter des habits de cuir ou de laine et s’oppose aux sacrifices d’animaux en faveur des dieux. Dans ses écrits, le poète Ovide rapporte les enseignements de celui qui est considéré comme le premier végétarien : «Abstenez-vous, mortels, de souiller vos corps de mets abominables. La terre vous fournit des aliments délicieux ; elle vous offre des mets qui ne sont pas payés par le meurtre et le sang.»
Ainsi, le mathématicien et philosophe, à qui l’on doit le célèbre théorème, accorde une considération particulière à la condition animale et est l’un des premiers à promouvoir un régime végétarien. Notamment car il croit à la théorie de la métempsychose (le passage d’une âme dans un autre corps) et craint ainsi de manger l’âme d’un parent réincarné dans un animal.
Le philosophe romain Sénèque (Ier siècle) suivra un temps ce «régime de Pythagore», dont Plutarque était aussi un adepte. Ainsi, avant l’apparition du mot «végétarisme» au XIXe siècle, les végétariens étaient appelés les «pythagoréens».
Ces végétariens célèbres
Vanessa Paradis, Mélanie Laurent, Natalie Portman, Julien Doré, Lambert Wilson… À l’heure actuelle, nombreuses sont les stars à avoir renoncé à consommer de la viande. Dans l’Histoire, des figures célèbres se sont aussi distinguées par ce régime alimentaire particulier. C’est le cas de Léonard de Vinci (1452-1519), peintre et inventeur de génie. «Ne fais pas de ton ventre un cimetière», écrivait-il.
Un peu plus tard, la question du végétarisme a animé les débats au Siècle des Lumières. Conscient que les animaux sont, à l’instar des hommes, dotés de sensibilité, le philosophe Jean-Jacques Rousseau militait pour un régime sans viande. Il prônait de «tirer l’homme de la classe des animaux carnassiers et le ranger parmi les espèces frugivores».
De son côté, Voltaire serait devenu végétarien vers la fin de son existence. Il évoque la question du végétarisme dans ses derniers écrits. Au sujet des animaux, qu’il considère comme égaux aux hommes, il écrit : «Il ne leur manque que la parole ; s’ils l’avaient, oserions-nous les tuer et les manger ? Oserions-nous commettre ces fratricides ?»
Plus proche de nous, si l’écrivaine Marguerite Yourcenar consommait du poisson, elle refusait également de se nourrir de viande ou, comme elle le disait, de «digérer des agonies».
Qui mange quoi ?
Par opposition au carniste, le végétarien ne consomme pas de chair animale. Mais il se nourrit d’œufs et de produits laitiers, contrairement au végétalien. Le pesco-végétarien suit un régime moins strict (et moins sujet aux carences alimentaires) puisqu’il s’autorise les œufs, les produits laitiers, mais aussi les poissons et les crustacés.
De leur côté, l’ovo-végétarien consomme des œufs, le lacto-végétarien des produits laitiers et le pollo-végétarien des volailles. Une personne mangeant des œufs, des produits laitiers, des poissons et des volailles, mais pas les autres viandes, sera appelée semi-végétarien, tandis qu’un flexitarien se dit d’une personne diminuant simplement sa consommation de viande.
Le végan est celui dont le régime est le plus strict puisqu’il ne consomme aucun produit en rapport avec le règne animal. Mais son mode de vie ne se limite pas à l’assiette et touche aussi l’habillement, les cosmétiques…
Moins de viande, moins de cancer
Certes, la viande est une excellente source de protéines, mais sa consommation (celle de viande rouge, de viande préparée et de charcuterie) augmente aussi le risque de cancer. Le lien entre ces aliments et le cancer colorectal est clairement établi, indique la Fondation belge contre le cancer, qui recommande une consommation maximale de 300 grammes de viande rouge par semaine.
«De plus, les viandes préparées ont une influence probable sur le risque de cancer de l’estomac», peut-on lire sur le site www.cancer.be. «La viande rouge est souvent pointée du doigt comme la première coupable, mais les viandes préparées comme les hachés et les charcuteries (garnitures de sandwich, saucissons…) sont encore plus déconseillées.» Car celles-ci contiennent davantage de substances néfastes, comme le sel et les nitrites, ajoutés lors de la préparation.
À noter que le mode de cuisson (techniques de fumage ou cuisson à plus de 200° C) joue aussi un rôle dans la formation de substances cancérigènes.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/3/2022
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