La tour de Pise, un penchant pour le risque
Ce n’est pas la beauté du chef d’œuvre de l’art toscan qui fait sa renommée à travers le monde, mais bien son penchant pour… l’inclinaison !
Jeudi à 20h50 sur France 5, le documentaire «Le Mystère de la tour de Pise» suit le travail d’historiens et d’ingénieurs qui déconstruisent ce géant de marbre (55,86 m côté sud pour 56,71 m côté nord) et mettent à nu sa structure.
Mauvaises bases
Les premières pierres de la plus célèbre tour inclinée ont été posées le 9 août 1173, sous la direction de l’architecte Bonanno Pisano, à deux pas de la cathédrale Notre Dame de l’Assomption, consacrée en 1118. Car la torre est en réalité un campanile.
C’est donc pour servir de clocher qu’elle a été érigée. Mais les problèmes ne tardent pas à apparaître… Dès l’ajout du troisième étage, en 1178, le clocher penche déjà de 5 cm. La faute aux fondations. Car la ville toscane se trouve sur une plaine alluviale et le sol y est meuble.
Branle-bas de combat, les travaux s’arrêtent pendant presque un siècle, laissant le temps au terrain de se tasser. Quand le chantier reprend, quatre nouveaux étages sont construits en diagonale pour tenter de compenser l’inclinaison. Nouvel échec, nouvelle pause. Ce n’est finalement qu’en 1372 que le dernier étage, celui des sept cloches et dont le diamètre a été réduit, est achevé.
Elle plie…
La tour a beau se dresser fièrement, elle continue néanmoins à pencher, et de plus en plus dangereusement. Passant de 1,47° (soit 1,4 m) en 1350 puis 3,99° (3,8 m) en 1817, elle atteint son record en 1993 avec 5,66 : le sommet dépasse alors la base de 4,5 m. Entre 1990 et 2001, aucun touriste ne monte plus les 294 marches de la tour qui est l’objet de grands travaux de consolidation.
Grâce au comité international, le clocher se redresse de 41 cm. «Nous avons installé une série de tubes sous terre, du côté où la tour penche», a expliqué à l’AFP Roberto Cela, qui dirige l’Opera Primaziale Pisana (OPA), l’association en charge des principaux monuments de Pise. «Nous avons enlevé de la matière du sous-sol en forant avec beaucoup de soin et grâce à ce système, nous avons récupéré un demi-degré de pente», a-t-il précisé.
… mais ne rompt pas !
Au contraire, elle tend aujourd’hui à se relever… Comme quoi, l’édifice toscan se trouve sur une place qui porte bien son nom : la Piazza dei Miracoli, la place des Miracles… Et ce n’est pas grâce aux photos des touristes qui se photographient chaque jour à son pied, faisant mine de soutenir ce mastodonte de 14.500 tonnes…
En réalité, «la tour a tendance à se déformer et à réduire sa pente en été quand il fait chaud, parce qu’elle penche vers le sud et sa face est chauffée. Ainsi, la pierre se dilate et se redresse», explique l’ingénieur Nunziante Squeglia qui étudie la tour depuis vingt-cinq ans, sur le site de National Geographic.
Et tremble à peine !
Depuis le Moyen Âge, la Toscane a dû faire face à plusieurs tremblements de terre. On aurait pu croire que l’équilibre a priori précaire de la tour n’aurait pas résisté à quatre séismes. Et pourtant ! Si la tour penche à cause de l’instabilité du terrain, c’est grâce à la combinaison de celle-ci avec la rigidité et la hauteur de la tour que cette dernière tient bon quand la terre tremble.
Cet article est paru dans le Télépro du 17/6/2021
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