La Terre en a dans le ventre !
Pour (re)découvrir le célèbre roman «Voyage au centre de la Terre», de Jules Verne, France 5 nous emmène ce jeudi à 21h05 sur les lieux qui ont donné vie à cette extraordinaire épopée, avec le documentaire «Voyage au centre de la terre, dans les pas de Jules Verne».
Il y a presque 160 ans, en novembre 1864, paraissait «Voyage au centre de la Terre», troisième roman d’aventures du célèbre écrivain Jules Verne. La fiction souterraine du génial auteur nantais nous raconte comment la découverte d’un ancien manuscrit embarque un savant allemand, son neveu et leur guide dans un voyage au centre de la planète, le tout depuis un volcan islandais éteint. Des décennies plus tard, la réalité a-t-elle rattrapé la fiction ?
Les voies de la Terre sont impénétrables
«Personne ne sait d’une façon certaine ce qui se passe à l’intérieur du globe», affirme Otto Lidenbrock, personnage principal du «Voyage au centre de la Terre». Plus d’un siècle et demi après l’écriture de ces lignes, c’est encore à peu près vrai. Pourtant, depuis qu’il peut se déplacer, l’homme n’a cessé d’explorer la planète sur laquelle il vit, ses océans et même l’espace qui l’entoure, jusqu’à marcher sur la Lune. Alors, comment expliquer que les entrailles de notre propre Terre semblent inaccessibles ?
Si nous avons entrepris de forer dans le sol pour nous rapprocher du noyau central, nos moyens techniques actuels ne sont pas encore à la hauteur. «Le trou le plus profond du monde, percé par des scientifiques russes dans la toundra près de Mourmansk, a atteint près de 12,3 kilomètres (km) en 1989», détaille l’Express. «Un record qui laisse rêveur : dix-neuf ans de travail pour explorer environ… 0,2 % de la structure interne de la Terre, dont le rayon fait 6.371 km.»
Portrait à l’aveugle
Nous sommes donc loin d’avoir tout découvert sur le centre de notre planète. Cependant, de nombreux scientifiques à travers le globe ont tout de même pas mal potassé le sujet. Ainsi, nous avons une idée assez claire de la physionomie de ce territoire, principalement grâce aux études sismiques, discipline qui étudie non seulement les tremblements de terre, mais aussi la propagation des ondes élastiques à l’intérieur de la Terre. Selon différentes recherches, dont une modélisation 3D datant de 2015 et compilant les données de plus de trois mille séismes, nous savons que notre planète est constituée de plusieurs couches, à la manière d’un oignon.
Les 35 kilomètres de croûte représentent la surface, le manteau rocheux s’étend jusqu’à 2.900 kilomètres, le noyau liquide atteint les 5.150 kilomètres et, à 6.371 kilomètres de nous se trouve la graine solide. Cette dernière serait elle-même composée de deux couches, avec une sorte de noyau dans le noyau.
Escapade à la montagne
Les scientifiques savent depuis un moment qu’entre le manteau et le noyau existent des «structures», également appelées ULVZ («ultra-low velocity zones» pour «zones à très faible vitesse») pouvant atteindre jusqu’à cinq fois la hauteur de l’Everest. Cependant, en avril dernier, des chercheurs ont pu établir que ces ULVZ étaient présentes en plus grand nombre qu’ils ne l’imaginaient.
L’une des théories avancées indique que ces structures étaient au fond des océans à l’époque de dinosaures et qu’elles auraient plongé dans les profondeurs terrestres à la suite de l’enfoncement d’une plaque tectonique sous une autre. «Ce noyau nous est vital car il alimente le champ magnétique de notre planète, bloquant ainsi les rayonnements solaires qui nous sont nocifs et stabilise l’atmosphère», relate le Huffington Post. «Ces structures souterraines pourraient aussi jouer un rôle sur les activités géologiques et volcaniques en surface.»
On peut allumer le chauffage ?
Depuis sa formation, il y a 4,5 milliards d’années, la Terre dégage de la chaleur vers la surface, générée, entre autres, par la désintégration radioactive des composants des différentes enveloppes terrestres. «On peut dire que c’est ce flux de chaleur qui fait que la Terre est géologiquement vivante. Viendra le jour où le flux ne sera plus suffisant pour supporter la convection mantellique (ndlr : composante essentielle de la tectonique des plaques). Il est fort à penser qu’à ce moment-là, la Terre deviendra une planète «morte»», indique Futura Sciences.
S’il est difficile d’estimer quand les stocks seront épuisés, à en croire les dernières mesures sur la conductivité thermique, cela pourrait se produire plus tôt que prévu, même si ce temps reste difficilement quantifiable. «Les résultats montrent que la conductivité thermique moyenne à l’interface noyau/manteau serait 1,5 fois plus importante que ce que l’on estimait jusqu’à présent. Il en résulte que le manteau se refroidit plus efficacement, et donc plus rapidement que ce que prévoyaient les précédents modèles.»
Cet article est paru dans le Télépro du 5/10/2023
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