«La Sabena ? Jamais nous ne l’oublierons !»
Pendant 78 ans, la Sabena a régné sur les airs. Retour sur l’histoire de notre ancienne compagnie aérienne, qui aurait eu 100 ans ce 23 mai.
C’est en 1923 que la Société anonyme belge d’exploitation de la navigation aérienne, plus connue sous l’acronyme Sabena, voit le jour après la Néerlandaise KLM et la Colombienne Avianca, toutes deux créées en 1919. Vendredi à 20h55, La Une propose le documentaire «Sabena Forever», relatant l’histoire de cette société noir jaune rouge. Pour Télépro, deux anciens «sabéniens» acceptent de nous raconter «leur» Sabena.
L’école de la vie
Toujours hôtesse de l’air en 2023, Sandra Battesti est entrée à la Sabena en 1994. «J’avais 23 ans et des rêves plein la tête», se souvient-elle. «Cette compagnie m’a littéralement ouvert les yeux sur le monde, sur les gens, sur les religions. Entre collègues, nous avions de l’admiration envers les anciens qui avaient beaucoup volé. La Sabena, c’était vraiment une grande famille.»
Son autre collègue de l’époque, Guy Lemmens, a quitté le secteur de l’aviation. Il y était arrivé en 1996 : «J’avais 24 ans et une envie d’explorer le monde. Je me suis retrouvé steward dans cette compagnie qui offrait de belles destinations et des services à bord prestigieux. Les gens nous respectaient et le rythme de travail était tenable, ce qui n’est plus le cas de nos jours.»
Blagues aériennes
D’emblée, quand on ranime les souvenirs, les anecdotes pleuvent. «J’ai eu droit à un baptême de l’air un peu particulier», raconte Sandra. «Mon premier vol était Bruxelles–Nice. Avant l’arrivée des passagers, la cheffe de cabine m’avait expliqué que certaines personnes souhaitaient avoir des ceintures pour leurs chiens. Je trouvais cela bizarre, car ce n’était pas écrit dans les consignes de la compagnie. J’ai obéi et tous les toutous étaient sur les genoux des dames avec une ceinture, les mêmes que celles utilisées pour les bébés. Quand tout le monde a ri, j’ai compris qu’il s’agissait d’une blague.»
«J’ai un souvenir plutôt embarrassant», poursuit Guy. «C’était un vol vers l’Afrique. Je devais servir un jus d’orange à un passager. Au même moment, une collègue me posait une question. Quand je me suis retourné vers le monsieur, j’ai constaté qu’il y avait un trou dans le gobelet et que le jus coulait sur son bras. Heureusement, il riait de la scène. Pas moi !»
Une faillite qui laisse des traces
Le 7 novembre 2001, la Sabena était déclarée en faillite. «Je savais qu’il y avait des soucis financiers, je pensais qu’il allait y avoir des licenciements, mais jamais je n’imaginais cette fin tragique», révèle Sandra. «J’ai retrouvé du travail, mais cela a laissé des traces chez beaucoup, comme une de mes copines, qui vient de décéder. Elle était devenue dépressive depuis ce départ forcé.»
Guy se doutait de l’issue : «J’ai quitté la Sabena un mois avant la faillite pour le secteur privé. J’étais triste pour mes ex-collègues, tous des passionnés.» Encore aujourd’hui, Sandra et Guy gardent des contacts avec des ex-Sabéniens : «La Sabena, nous ne l’oublierons jamais !»
Cet article est paru dans le Télépro du 11/5/2023
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