La pomme a la banane
Depuis des millénaires, elle émoustille les papilles. Sans pépin. Les Wallons l’adorent. France 5 la met à l’honneur dans un documentaire dimanche à 21h40.
La pomme et nous, c’est une très vieille histoire. L’arbuste est apparu il y a 80 millions d’années quelque part en Asie centrale, dans une région appelée aujourd’hui le Kazakhstan. Avant d’être transférée à Astana, la capitale (et plus grande ville du pays) était Alma-Ata (aujourd’hui Almaty), ce qui signifie dans la langue locale «le grand-père de la pomme». Grâce aux commerçants qui fréquentent la route de la soie, la pomme va finir par tomber bien loin de son arbre, notamment dans des pays de la Méditerranée comme la Grèce et Rome. À Athènes, elle inspire la mythologie (c’est la fameuse pomme de discorde à l’origine de la guerre de Troie) et échauffe les esprits : la pomme est considérée comme un aphrodisiaque que les époux doivent partager durant la nuit de noces. Les Romains, de leur côté, en sont tellement friands qu’ils en créent jusqu’à 37 sortes différentes (dont la célèbre pomme d’api, rouge et blanche) ! Le fruit commence petit, mais il grandira vite : on en recense aujourd’hui plus de 20.000 variétés dans le monde.
De gros pépins
Le succès est phénoménal. Avec 64 millions de tonnes produites annuellement, la pomme est l’un des fruits les plus consommés de la planète, juste derrière les agrumes, la banane et le raisin. Côté pays producteurs, le tiercé de tête est constitué par la Chine, les États-Unis et la Pologne. La Belgique, avec ses 230.000 tonnes, est loin derrière, mais peut se targuer d’être le principal producteur européen de Jonagold. Selon les chiffres de l’APAQ W (Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité), les pommiers représentent à eux seuls la moitié de la surface consacrée à la culture des fruits en Wallonie. Tout serait pour le mieux s’il n’y avait quelques gros pépins. Les gelées tardives et autres caprices de la météo plongent régulièrement le secteur dans la tourmente. Sans parler de l’embargo de la Russie qui «sature le marché européen depuis cinq ans et contraint les producteurs à vendre à perte», comme le constate le site FreshPlaza.
Pas de quartier
Outre ses nombreuses qualités nutritionnelles (des vitamines, surtout dans la peau, riche en antioxydants et en fibres alimentaires, ce qui permet une réduction du risque de maladies cardiovasculaires, de cancer et d’asthme), la pomme jouit aujourd’hui encore d’une visibilité de tous les instants. Notre plus tendre enfance n’a-t-elle pas été bercée par les légendes de Guillaume Tell et de Blanche-Neige ? Les vinyles des Beatles auraient-ils connus le même succès sans la jolie pomme verte coupée en deux qui les ornait ? Et New York serait-elle vraiment New York sans son surnom de Big Apple ? Si on ajoute que depuis la fin du deuxième millénaire, Steve Jobs en a fait le symbole de sa marque et que la pomme croquée apparaît sur des dizaines de million d’ordinateurs (en souvenir de la pomme empoisonnée avec laquelle le célèbre mathématicien Alan Turing s’est donné la mort), on comprendra que le fruit préféré des Belges occupe une place de choix dans notre paysage quotidien, au même titre sans aucun doute que le roi, la loi et la liberté, pom po pomme.
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