La parole aux animaux

Ils nous parlent ! © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Chiens, chats, chevaux, rats, perroquets… Ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI, «Tout s’explique» se penche sur la communication avec nos animaux de compagnie.

Langage corporel

Il n’est pas toujours aisé de comprendre ce qu’un chat exprime par ses miaulements. Par contre, son langage corporel peut donner des indications sur ses émotions. Un chat qui se couche sur le dos et vous montre son ventre est signe qu’il se sent en confiance avec vous. La position de ses oreilles peut aussi être un bon indicateur de son humeur : mieux vaut se méfier d’un chat dont les oreilles sont plaquées vers l’arrière, cela est un signe d’agressivité. Par contre, des oreilles droites respirent la sérénité.

La queue du chat n’est pas à négliger non plus. S’il la remue lentement en vous apercevant, c’est simplement sa façon de vous dire bonjour. Mais s’il la remue vivement, c’est plutôt un signe de colère. Enfin, ses moustaches nous renseignent sur son état d’esprit : si elles sont relâchées, c’est signe de détente, tandis que des moustaches plaquées sur le museau indiquent la peur, et des moustaches dirigées vers l’avant, la curiosité.

Do you speak English ?

Selon une étude hongroise, les chiens sont capables de faire la différence entre la langue de leur maître et une langue étrangère qu’ils n’ont jamais entendue. L’expérience a été menée par une chercheuse mexicaine expatriée à Budapest, qui s’était demandé si son chien différenciait l’espagnol du hongrois.

Pour répondre à la question, un panel de chiens a été soumis à des extraits du «Petit Prince» de Saint-Exupéry dans les deux langues. Les scientifiques ont d’abord constaté, en diffusant un extrait classique et un extrait brouillé, que les canidés faisaient la différence entre le verbal et le non verbal. Ensuite, les chiens montraient des réactions différentes au niveau du cortex auditif selon la langue parlée. Et les chiens les plus âgés étaient les plus à même de distinguer les différences de sonorités.

Parfait imitateur

Animal de compagnie depuis des siècles, le perroquet, qui n’a pas de cordes vocales, séduit pourtant par sa parole. Mais peut-on vraiment parler de langage ? Terme regroupant plus de 350 espèces d’oiseaux appartenant à l’ordre des psittaciformes, le perroquet ne parle pas réellement, mais il est capable d’imiter à la perfection les sons ou la parole. Et cela, grâce à son ouïe très fine et son anatomie singulière : son syrinx, un organe phonateur situé sous la trachée ; le mécanisme de son bec, indépendant de sa langue ; et une organisation cérébrale unique (sept noyaux cérébraux connectés).

Cet oiseau coloré reproduit non seulement ce qu’il entend, mais aussi l’intonation et la voix. Il peut donc imiter le langage humain, comme n’importe quel cri animalier. Parmi les différentes espèces, les plus doués pour imiter le langage humain sont le gris du Gabon (capable de reproduire des centaines de mots), le grand éclectus ou l’amazone. Dans le même genre, le Ménure superbe (photo), oiseau-lyre originaire d’Australie, est lui aussi en mesure de reproduire n’importe quel son, dont celui d’une… tronçonneuse !

Koko et la langue des signes

Morte en 2018 à l’âge de 46 ans, Koko était sans doute la gorille femelle la plus célèbre du monde. Sa particularité ? Elle était capable de communiquer en langue des signes. Celle qui a fait deux fois la une du National Geographic avait un vocabulaire de plus de mille signes et pouvait comprendre deux mille mots d’anglais parlé.

Née en 1971 au zoo de San Francisco, Koko avait commencé son apprentissage de la langue des signes américaine dès l’année suivante avec la chercheuse Penny Patterson. Elle était même capable d’adapter ces signes ou de les combiner pour exprimer de nouveaux mots (pour dire canard, elle utilisait le signe oiseau et eau). Très vite, une relation unique s’était nouée entre l’animal et la chercheuse de Stanford, au sein de la Gorilla Foundation, où la gorille a vécu jusqu’à sa mort. À diverses reprises, Koko avait même exprimé ses émotions, notamment son désir de materner, sa tendresse envers un chaton ou sa tristesse après la mort de Robin Williams, qu’elle avait rencontré.

Chuchoter pour se protéger

Comme les humains, certains animaux sont capables de «chuchoter» lors d’une communication «privée». «Chez les oiseaux, il existe plusieurs exemples de vocalisations de faible intensité, qui peuvent être considérées comme du chuchotement», explique à Science & Vie Nicolas Mathevon, spécialiste de la communication animale. «Notamment dans le contexte de communication entre les partenaires d’un couple, ou entre parents et jeunes.»

De même, une étude américaine de 2019 a observé ce phénomène de «chuchotement» chez certaines espèces de baleines. Par exemple, les baleines à bosses et les baleines noires de l’Atlantique Nord produisent des sons de basses amplitudes lorsqu’elles s’adressent à leur progéniture. L’objectif étant d’éviter d’être repéré par des prédateurs. Comme l’explique encore l’auteur du livre «Les Animaux parlent : sachons les écouter» (Humensciences), d’autres mécanismes sont utilisés pour faire preuve de discrétion : «la souris, elle, communique par ultrasons, à des fréquences qui ne sont pas perceptibles par un bon nombre de prédateurs».

Cet article est paru dans le Télépro du 15/12/2022

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