La guerre du livre n’aura pas lieu
Le papier n’a pas écrit son dernier mot face au numérique. Ce jeudi à 17h45 sur Arte, le magazine «Xenius» montrera que le bon vieux bouquin est encore à la page.
Quelles lectures emmènerez-vous dans vos valises cet été pour lire au bord de la piscine, face à la mer ou à la montagne ? Et seront-elles numériques ou en papier ? Le bras de fer entre les deux est musclé et la partie qu’on annonçait, il y a quelque temps, jouée en faveur du premier est loin d’être terminée. Avantages et inconvénients : chacun marque des points.
Chapitre 1 : le choix
Antoine Labye travaille aux éditions Mijade à Namur, il est aussi chroniqueur littéraire. «Sur Internet, tous les livres sont accessibles. Ce n’est pas le cas lorsque vous entrez dans une librairie. Je suis très sensible à ce rapport à la contrainte. Trop de choix tue le choix : on finit par s’y perdre quand il est infini».
«Le libraire peut aussi vous guider», complète Julien Moës, journaliste, auteur, chroniqueur littéraire. «Sur Internet, vous êtes livré à vous-même. Pendant la crise du covid, la Belgique a eu la bonne idée de laisser les librairies ouvertes. En plus des commandes par Amazon, la vente des livres en papier a bondi».
Chapitre 2 : la valise
Quand on parle vacances, déjà, il faut savoir quelle place vous comptez réserver à vos lectures dans la valise. Sur ce coup-là, la liseuse prend l’avantage : vous pouvez télécharger une grande partie de votre bibliothèque sans impact ni de place ni de poids. Par contre, si vous êtes dans la nature et que votre batterie fait des siennes, vous regretterez sans doute de ne pas avoir choisi le bon vieux bouquin laissé à la maison sur la table de nuit.
«Si vous aimez noter des impressions, souligner des passages…, la version papier est plus intéressante», remarque Julien Moës. Des opérations également possibles avec l’ebook, sans avoir recours à un crayon ou des signets, peut-on lui objecter. Encore faut-il que la version que vous utilisez dispose de ces options… et que vous sachiez comment vous en servir.
«En revanche, le numérique vous permet, par exemple, de faire des recherches par mots-clés, ajoute Antoine Labye. Pour un usage plus professionnel, c’est très pratique.»
Chapitre 3 : les arguments
La tablette ou le smartphone permettent d’agrandir les caractères de l’ebook : pratique pour certains lecteurs. Néanmoins, ces supports technologiques plus ou moins coûteux et fragiles n’auront pas la même résistance que le livre en papier à l’eau, au sable, à la crème solaire ou à une chute intempestive sur le sol. Impact garanti sur votre portefeuille.
Le prix ? À première vue, avantage au numérique. Mais les livres d’occasion contrebalancent, objectent certains.
La mise en avant des auteurs ? Beaucoup d’appelés et peu d’élus publiés par les maisons d’édition classiques. S’autoéditer en format numérique constitue une solution intéressante et à bas prix. «Il arrive alors que des éditeurs repèrent l’auteur et décident de le publier», note Julien Moës. «Mais les droits d’auteur sur le numérique sont ridicules», complète Antoine Labye. «Il faut en vendre dix fois plus qu’en version papier».
Épilogue
D’un côté, ceux qui éprouvent un réel plaisir, presque sensuel, à manier un livre en papier, à humer son parfum, à le collectionner. De l’autre l’attrait pour les nouvelles technologies. Entre les deux, le cœur de beaucoup de lecteurs balancent. Jugeant les deux complémentaires, ils passent de l’un à l’autre, sans que toutefois le numérique ne prenne dans ce domaine un avantage comparable à celui pris dans le domaine de la musique par exemple. Et chez les plus jeunes ? «Le livre papier a presque une vertu de « médicament anti écran »», conclut Antoine Labye. «Parents et instits se rendent en librairies avec les enfants pour choisir un livre avec la perspective de leur offrir un moment de culture, de partage et de repos, à l’écart du monde virtuel».
Cet article est paru dans le Télépro du 3/6/2021
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