La fin de l’Empire romain : chute ou assassinat ?
Samedi à 20h50 avec le documentaire «Qui a tué l’Empire romain ?», Arte relance le débat !
Trois mille ans. C’est le temps parcouru par la succession des dynasties égyptiennes qui finissent de s’endormir définitivement dans les bras de César et de Cléopâtre. Un record à ce jour. Rome, de sa fondation à son effondrement, résiste mille deux cents ans environ, un peu plus de deux millénaires si l’on tient compte de sa survie en Orient jusqu’en 1453.
Rome pillée
Les empires naissent pour mourir même s’ils se croient éternels et les causes de leur déchéance sont multiples. Ainsi en fut-il pour Rome qui sombre définitivement en 476, lorsque son dernier empereur, Romulus Augustule, est déposé par un roi barbare, Odoacre, et termine sa vie dans un couvent.
L’ancienne capitale de l’Empire d’Occident perd sa superbe dès 410 quand elle est pillée par Alaric Ier, le roi des Wisigoths, et, quarante-cinq ans plus tard, par Genséric et ses troupes de Vandales. Sans violence et sans destruction massive, suite à un accord passé avec le pape Léon Ier.
Attribuer la chute de l’Empire romain à la décadence des mœurs, en présentant des femmes et des hommes enivrés lors de folles Saturnales, relève d’un cliché longtemps véhiculé par nos livres d’histoire. C’est oublier que depuis 313, l’édit de l’empereur Constantin érige le christianisme en religion d’État, contribuant quelque peu à moraliser la société.
Manque de sous
En fait, l’Empire romain a péché par son gigantisme et son incapacité à résister aux coups de butoir des invasions barbares – adjectif signifiant étrangères. Celles-ci sont d’abord de simples incursions temporaires pour devenir des établissements définitifs. L’impôt échappe de plus en plus au pouvoir central, incapable d’équiper ses légions et de les payer, les rendant ainsi de moins en moins combatives.
L’introduction de troupes étrangères dans les rangs des armées romaines traditionnelles fait douter de leur loyauté. De plus, les Romains ont toujours été incapables d’établir un budget de fonctionnement annuel car leur trésorerie avait pris l’habitude de dépendre des butins pillés lors de leurs conquêtes. Et dès le moment où celles-ci disparaissent, voilà un mode de revenu sur lequel ils ne peuvent plus compter.
La corruption règne elle aussi à tous les niveaux. La production industrielle, comme le révèle notamment la teneur en cuivre et en plomb relevée dans les glaces du Groenland, indique une baisse drastique de l’activité humaine à la fin de l’Empire, comme l’atteste aussi l’absence de constructions remarquables datant de cette époque. Même la taille des animaux d’élevage reflète une diminution de la qualité des aliments dont ils sont nourris.
Peste et frissons
Conjuguée à tous ces maux de la société romaine, la maladie contribue à l’affaiblissement de l’Empire, notamment les nombreuses épidémies de peste qui déciment la population. À son apogée, Rome avait été la seule ville de l’Antiquité à dépasser le million d’habitants !
Le climat est particulièrement clément, comme en témoigne la quasi absence de glacier dans les Alpes (d’ailleurs facilement franchis par les éléphants d’Hannibal en -218), et les tenues légères des légionnaires. À la fin de l’Empire débute un petit âge glaciaire, rendant les déplacements plus compliqués en hiver, mais facilitant aussi la traversée des hordes ennemies sur les cours d’eau gelés. Nul doute aussi que la baisse des températures a eu un effet néfaste sur le rendement des récoltes.
Qu’en reste-t-il ?
Après sa chute, Rome a perduré sous bien des aspects jusqu’à nous, qu’ils soient linguistiques, juridiques ou même administratifs, quand on sait que les évêchés ont souvent été taillés sur le modèle des provinces romaines…
Cet article est paru dans le Télépro du 24/11/2022
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