La féminité contre la liberté
Les «vierges sous serment» renoncent à leur identité et à leur sexualité, mais à quel prix ? Samedi 12 octobre sur Arte, focus sur la «burrnesha», tradition albanaise remontant au XVe siècle.
Pour bénéficier de meilleurs droits, des femmes albanaises choisissent de changer d’identité. Elles ne changent pas de sexe, mais adoptent les rôles et l’apparence des hommes. La coutume de la «burrnesha» a traversé l’histoire de l’Albanie et a permis aux femmes opprimées de survivre à la dictature communiste d’Enver Hoxha, Premier secrétaire du Parti du travail d’Albanie (1941-1985).
Renoncement et obligations
En Albanie, le kanun (codes médiévaux régissant les aspects de la vie quotidienne) forme la structure sociétale des grandes familles. Bien que les dirigeants du pays dénoncent cette politique, sa popularité grimpe au sein du peuple depuis la chute du communisme. Pour assurer la survie de leur lignée, certaines adolescentes sont contraintes de «devenir» des hommes.
Avec l’accord de leur famille, elles entreprennent leur «métamorphose» en prêtant serment. Un processus solennel et déstabilisant. Elles renoncent au mariage, à la maternité et à leur sexualité. Elles n’ont aucune assurance-vie et ne toucheront pas de retraite. Mais cette liste de contraintes en vaudrait la peine…
À bas le patriarcat !
Si cette tradition commence à s’éteindre, les femmes prêtent toujours serment par choix. En effet, dans cette société patriarcale, «devenir» un homme possède aussi ces avantages : faire carrière, devenir indépendante, posséder une arme, fumer, boire de l’alcool, faire son service militaire et régler tous les domaines de la vie quotidienne comme les rituels, les mariages et les enterrements.
L’égalité des genres reste un problème social en Albanie. Avec cette coutume, les femmes-hommes subissent moins d’emprises et héritent d’une totale liberté. Elles deviennent même supérieures aux hommes et méritent un double respect pour leur sacrifice.
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