La cyberguerre est déclarée !
Le piratage informatique peut déstabiliser un État. Et les Russes ne s’en privent pas.
Du gourdin au canon, du gaz moutarde à la bombe atomique… chaque époque a développé des armes nouvelles. Toujours plus puissantes et plus effrayantes. Que nous réserve l’avenir ?
On a fantasmé sur une guerre interstellaire, mais il semble qu’il ne faille pas chercher si loin : tout se joue actuellement sur la Toile. Pour défier l’ennemi, plus besoin de lever une armée : il suffit de lancer une bombe informatique. C’est la cyberguerre, à laquelle Julian Bugier consacre ce lundi à 22h55 sa «Cellule de crise» sur France 2.
Attaques massives
Peut-être avez-vous déjà reçu un mail douteux via lequel un escroc espère dérober vos mots de passe et pénétrer vos données. Si le hacker arrive à ses fins, les conséquences peuvent être graves. Mais elles seront bien plus encore s’il réussit à s’immiscer dans le système informatique d’une entreprise ou d’un service public.
TV5MONDE en a fait l’expérience. Un soir d’avril 2015, tous les voyants de la régie virent soudain au rouge, puis c’est l’écran noir. La chaîne francophone n’émet plus dans aucun des deux cents pays qu’elle couvre. Que se passe-t-il ? Les techniciens n’y comprennent rien. Jusqu’à ce qu’un message signé «Cybercaliphate» apparaisse sur les réseaux sociaux. TV5 a été piratée.
Trois mois après les attentats de Charlie Hebdo, personne ne s’étonne que cette cyberattaque soit le fait des islamistes. Mais pour les experts en cybersécurité, ça ne colle pas. Ils mènent l’enquête et découvrent que le piratage a été mené par des hackers russes.
L’année suivante, c’est ce même groupe qui tentera d’interférer dans l’élection présidentielle américaine. Officiellement, ces hackers n’ont rien à voir avec le Kremlin. «Les hackers sont des gens libres, un peu comme les artistes», dira Poutine. Mais dans les faits, les attaques sont bien trop massives, trop élaborées et trop coûteuses pour pouvoir être organisées par quelques geeks dans leur garage.
Paralyser tout un pays
En juin 2017, alors que la Russie et l’Ukraine s’affrontent à propos de la Crimée, un virus informatique paralyse l’Ukraine. Plus rien ne fonctionne. Les transports, les banques, les hôpitaux… Toutes les données informatiques du pays sont détruites.
Ensuite, le virus se propage à des entreprises étrangères. Comme Saint-Gobain, FedEx ou Mondelez (Côte d’Or, Lu, Oreo, Milka…). Toutes ont en commun d’avoir un logiciel de comptabilité conçu en Ukraine, qui a servi de cheval de Troie. Les entreprises piratées auraient perdu plus d’un milliard d’euros dans l’aventure…
Si cette attaque a fait beaucoup de bruit, la plupart sont tues. Soit pour ne pas exciter Moscou, soit pour ne pas effrayer l’opinion publique. Mais on sait, par exemple, que la campagne de Macron pour la présidentielle a subi des cyberattaques venues de Russie. Et que, comme en Ukraine, les hackers russes pourraient paralyser tout en pays, créant un mouvement de panique et des troubles sociaux.
Jean-Claude Juncker, ancien Président de la Commission européenne, a prévenu : «Les cyberattaques sont parfois plus dangereuses pour la stabilité des démocraties et des économies que les fusils et les chars…»
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 27/2/2020
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