La conserve, quelques grammes d’histoire en boîte

Image extraite de l'émission «Faire l'Histoire» (Arte) © Arte/Les Films d'ici
Giuseppa Cosentino Journaliste

Inventée au début du XIXe siècle pour éviter les famines, la boîte de conserve fut une véritable révolution alimentaire.

Afin de contrer le scorbut qui faisait des ravages au sein de son armée, Napoléon Ier organise un concours. À la clé ? Une récompense pour l’heureux vainqueur qui parviendra à trouver le meilleur procédé de conservation des aliments frais. La boîte de conserve ne tarde pas à naître.

Ce samedi à 18h15 dans «Faire l’Histoire», Arte retrace l’évolution de ce petit cylindre qui bouleversa nos habitudes alimentaires.

Du verre à la boîte

Tout commence en 1810. Nicolas Appert, un ancien confiseur, remporte le prix du gouvernement français avec une méthode inédite : l’appertisation. «Il suffit de placer les aliments dans des bocaux étanches chauffés à haute température !», explique-t-il aux badauds ébahis.

En échange de ses travaux, tirés à 6.000 exemplaires, il perçoit la somme de 12.000 francs et dévoile sa trouvaille au monde…

À Londres, un commerçant nommé Peter Durand s’en empare. Et améliore le procédé en remplaçant le contenant en verre par une boîte métallique. Il crée alors la première «vraie» boîte de conserve.

Boîte de Pandore

L’écrin révolutionnaire conquiert rapidement voyageurs, explorateurs et colonisateurs. Gain de temps, gain de place, anti-carences… il n’en faut pas plus pour convaincre un soldat de ne partir pas au combat sans son graal de survie.

Mais il lui faut attendre encore un siècle avant de mettre le grand public dans sa poche. Car, longtemps resté cher, il doit en outre essuyer plusieurs scandales sanitaires. Les papilles meurtries des soldats américains s’en souviennent jusque dans leurs tombes…

Lors de la guerre hispano-américaine de 1898, des centaines de conserves de viande en putréfaction créent l’épouvante. À tel point que certains Britanniques, non dépourvus d’humour noir, surnomment la conserve : «Fanny Adams», du nom de la petite fille de 8 ans démembrée par son assassin…

Boîte à la mode

À partir des années 1920, les produits appertisés se propagent néanmoins dans la plupart des foyers. Leurs techniques de fabrication sont désormais mécanisées et donc produites à moindre coût. La Seconde Guerre mondiale ne fait qu’asseoir leur popularité grâce aux soldats américains qui ne jurent que par elles. Boîtes de sardines, thon, corned-beef, mais aussi ananas, choucroute ou cassoulet composent le garde-manger de tout Belge avide de modernité.

Dans les années 1960, la boîte à la mode devient même l’emblème de la société de consommation de masse, dont Andy Warhol illustre l’overdose avec ses fameuses soupes Campbell’s : le repas quotidien de l’artiste américain durant vingt ans…

Survie en stock

Alors qu’on la croyait désuète, la boîte de conserve connaît un regain de popularité. Notamment chez les survivalistes, qui voient en elle la solution du futur post-apocalyptique. La crise sanitaire semble également lui redonner des ailes. Ce ne sont pas seulement les stocks de pâtes, farine ou papier WC qui ont été dévalisés en mars 2020, mais aussi des conserves en tous genres ! La survie de l’humanité résiderait-elle… dans une boîte ?

Cet article est paru dans le Télépro du 3/2/2022

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