La chasse aux œufs d’or avec Fabergé

Le dernier œuf découvert l’a été en 2014 auprès d’un ferrailleur américain qui l’avait acheté sur un marché aux puces pour 10.000 €. Sa valeur : 24 millions d’euros ! © Isopix

Appartenant à la dynastie russe des Romanov, les œufs-bijoux Fabergé furent disséminés sur la planète lors la révolution bolchévique de 1917.

Célébrant l’histoire russe prérévolutionnaire, la vie impériale, mais aussi les passions des Romanov qui régnèrent du XVII e au début du XXe siècle, ces coquilles, leur beauté et le mystérieux contenu de chacune d’elles en ont fait les trésors impériaux les plus recherchés par les collectionneurs et les musées. Pourquoi ces créations Fabergé fascinent-elles tant ?

Glorieusement flamboyant

L’extravagante tradition des œufs de Pâques des Romanov commença quand le tsar Alexandre III chercha un cadeau original pour son épouse auprès de Pierre-Karl Fabergé, maître orfèvre germano-danois qui avait repris la joaillerie de son père à Saint-Pétersbourg. Au lieu des habituels colliers, bracelets ou bagues, Fabergé proposa un «bijou» en forme d’œuf qui, en s’ouvrant, dévoilait une surprise. Ce premier «œuf à la poule» en renfermait une, placée sur de la paille dorée. Et, à la manière des poupées russes, celle-ci contenait aussi un petit trésor : une minicouronne de diamants cachant un pendentif en rubis. Ce présent singulier fut le premier d’une collection qu’Alexandre III, puis son successeur, Nicolas II, prirent l’habitude de faire fabriquer régulièrement.

L’orfèvre et son équipe avaient carte blanche pour la conception. Nicolas II offrit ainsi à sa femme l’«œuf du couronnement impérial» avec une coquille en or rehaussée d’émail translucide et recouvert d’aigles à deux têtes en émail noir. À l’intérieur, doublé de velours blanc, se trouvait une réplique miniature dorée du carrosse ayant appartenu à Catherine II et utilisé lors de la procession du couronnement.

Disparus et (presque) retrouvés

Tandis que certains œufs étaient des expressions de tendresse, d’autres firent allusion au contexte politique. L’œuf militaire et l’œuf de la Croix-Rouge saluèrent respectivement les efforts de guerre et les services rendus par les grandes-duchesses en tant qu’infirmières.

Mais lors de la révolution d’Octobre, en 1917, tous les Romanov furent tués. Leurs trésors devinrent des monnaies d’échange pour les bolchéviques et se dispersèrent dans le monde… Il fallut des années, entre hasard et enquêtes, pour les retrouver. Dix œufs sont au Kremlin Armory, neuf au Fabergé Museum de Saint-Pétersbourg, cinq au Virginia Museum of Fine Arts, trois à la Royal Collection de Londres, trois au Metropolitan Museum of Art de New York, deux à Lausanne, deux au Hillwood Estate de Washington, deux au Walters Art Museum de Baltimore, un au Cleveland Museum of Art, un à Monte-Carlo, un au Fabergé Museum de Baden-Baden et un autre chez Hamad bin Khalifa Al Thani, ancien émir du Qatar. Parmi les cinquante pièces de la collection, sept manquent encore à l’appel. Avis aux amateurs…

Cet article est paru dans le Télépro du 30/12/2021.

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