La Californie, entre éden de l’innovation et utopies
Tourné vers un idéal technologique et environnemental, connu pour sa contre-culture et la contestation du modèle américain, cet État apparaît comme un monde à part aux USA. Ces fantasmes high-tech, écologiques et sociaux sont-ils avérés ?
Surnommée «The Golden State », la Californie incarne, mieux que n’importe quel autre État, le rêve américain. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, elle s’est imposée comme la terre promise de l’innovation, des idées pionnières et des révolutions sociétales. Mais pourquoi cet État concentre-t-il autant de fantasmes ? La réponse sur Arte dans une série documentaire en trois parties, diffusée mardi à 20.50.
La naissance d’un mythe
Dès les années 1950, artistes, ingénieurs et scientifiques affluent en Californie, faisant souffler un vent de créativité nouvelle. Multipliant les innovations, certains de ces pionniers réfléchissent à la concrétisation d’un projet des plus fous : aller sur la Lune. Dix ans plus tard, l’université de Berkeley devient le berceau des contestations étudiantes. À San Francisco, où gravitent artistes et musiciens, plusieurs communautés prônent l’autosuffisance et l’amour libre, incarnant le rêve d’une société juste et pacifique. Au fond d’un garage de Los Angeles ou dans les bureaux de la Silicon Valley, des centaines de pionniers ont laissé libre cours à leur créativité, participant à la création d’un mythe californien qui continue de fasciner. Sur fond de témoignages et d’images d’archives, les réalisateurs allemands Lukas Hoffmann et Thomas Rigler reviennent sur les événements qui, en quelques décennies, ont contribué à façonner cette légende.
Une longueur d’avance
Dans nombre de domaines, la Californie a toujours eu une longueur d’avance. Alors que l’effondrement de l’Union soviétique marque la fin de la course à la Lune, le centre de recherche JPL, implanté au coeur de la Silicon Valley, se tourne vers la conquête de Mars. Près d’un demi-siècle plus tard, Elon Musk nourrit l’espoir d’y envoyer des humains. En architecture, le modernisme californien a développé, dès les années 1950, le concept d’habitat ouvert, qui a rapidement séduit le reste du monde. Face aux enjeux climatiques actuels, le culte de la voiture individuelle, encore omniprésent aux États- Unis, laisse ici place à la mobilité douce.
Paradis de l’innovation high-tech
En 1969, la marée noire sur les côtes de Santa Barbara aboutit à la naissance des premières lois de protection de l’environnement et du littoral. La même année, l’ancêtre d’Internet voit le jour à l’université de Stanford. La Silicon Valley devient peu à peu le paradis de l’innovation technologique : Google, Yahoo, Facebook, Apple, eBay, Netflix, Sony, Tesla… ils sont tous là.
Bye bye California
La Californie est l’État le plus peuplé des États-Unis, mais aussi le plus dynamique et le plus puissant économiquement. Or la médaille a son revers et divers problèmes surgissent : pollution, tensions raciales, immigration, criminalité… Depuis le début du XXIe siècle, le modèle économique révèle ses fragilités. La croissance engendre des atteintes à l’environnement, le budget de l’État est déficitaire, le taux de chômage est supérieur à la moyenne nationale. Les prix des soins de santé, de l’éducation et du logement ont explosé et le Golden State fait fuir certains de ses résidents. La pandémie et le télétravail ont accentué cet exode. Désormais, les Californiens fuient la pollution, les risques d’incendie, l’explosion du coût de la vie, les SDF et… les impôts.
Cet article est paru dans le Télépro du 27/07/2023.
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