Karité, l’or des femmes

La fabrication du beurre de karité fournit du travail à 16 millions d’Africaines © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Ce samedi à 17h15 sur Arte, le documentaire «Kadoua et les cueilleuses de karité burkinabè» dévoile les secrets du beurre de karité et les enjeux liés à son exploitation.

Longtemps considéré comme un produit de seconde zone, le beurre de karité fait aujourd’hui figure de chouchou dans l’industrie cosmétique. Comment est-il récolté et pourquoi cet attrait soudain ?

La ceinture du karité

De mai à août, au cœur de la «ceinture du karité», qui va du Sénégal à l’Éthiopie en passant par les trois pays leaders du marché, le Nigeria, le Mali et le Burkina, a lieu la récolte des noix de karité. Comme les fruits mûrs de cet arbre tombent spontanément, les hommes ont délaissé cette tâche qu’ils estiment trop facile. Ce secteur, devenu essentiellement féminin, permet de faire travailler directement ou indirectement pas moins de 16 millions d’Africaines.

«Les collectrices gagnent entre 5.000 et 10.000 francs CFA (de 7,50 à 15 €) par semaine», relate Le Monde. «Les vendeuses du produit fini, elles, vivent en ville et gagnent jusqu’à deux fois plus.»

La tâche est néanmoins plus ardue que ne semble le penser la gent masculine. Entre les kilomètres parcourus avec des kilos de fruits sur le dos, l’eau à aller chercher pour les rincer, le séchage, le concassage, la torréfaction, le barattage (douloureux pour le dos), l’ébullition, la clarification… le tout manuellement, les productrices ne chôment pas. Pour 1 kg de beurre, comptez 20 à 25 heures de travail.

Merci les éléphants !

Dans le documentaire diffusé samedi sur Arte, nous suivons Kadoua Yogo, une veuve de 53 ans qui fait vivre sa famille en vendant du beurre de karité dans le sud du Burkina Faso. Elle ne peut compter que sur sa volonté, l’abondance des arbres et… les éléphants !

«Ce n’est que grâce aux pachydermes qui parcourent les forêts, répandant leur fumier, que les arbres sacrés peuvent s’épanouir», relate le film. Malheureusement, leur espace vital est sans cesse réduit au profit de la culture du coton. «À cela s’ajoutent la faiblesse de la législation forestière et agricole, la persistance des feux de brousse, la cueillette immature des fruits et l’effet de l’urbanisation avec son corollaire de déforestation», précise une ONG forestière burkinabè.

Sacré beurre

Indispensable pour toute une économie et menacé d’extinction, le beurre de karité est, quoi qu’il en soit, de plus en plus populaire chez nous. Comme en Afrique, où il participe à la confection de nombreux plats, nous l’utilisons aussi à des fins alimentaires, notamment pour la fabrication du chocolat et de la margarine. Il aurait aussi de nombreux bienfaits cosmétiques, comme l’affirme le magazine Elle.

«Naturellement riche en vitamines A, D, E et F, ce beurre nourrit, adoucit, protège et revitalise l’épiderme. Appliqué en masque capillaire ou en après-shampoing, il répare les cheveux secs. Enfin, il protège notre minois des agressions extérieures et prévient l’apparition des signes visibles de l’âge.»

Cet article est paru dans le Télépro du 16/6/2022

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