Johnny Weissmuller, des sommets aux abysses

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Alice Kriescher Journaliste

Riche de ses archives inédites,un documentaire retrace la viede Johnny Weissmuller, champion olympique et Tarzan célèbre du 7e art.

À l’occasion des JO de Paris 2024, revenons cent ans en arrière tout en restant au même endroit : les olympiades 1924 avaient également pour arène la capitale française. Lors de cette édition, dans les rangs des sportifs, un certain Johnny Weissmuller. Portrait.

Eau miraculeuse

En janvier 1905, Johann Peter Weißmüller, âgé de 7 mois, est embarqué par ses parents hors de sa Hongrie natale, direction la Pennsylvanie. En septembre de la même année, le foyer accueille un nouveau garçon qui devient, lors de la chute de l’Autriche-Hongrie en 1918, le seul Américain de naissance des Weissmuller, le reste de la famille se retrouvant apatride. À 9 ans, le petit Johnny contracte la polio, un médecin préconise la natation en guise de remède. Désormais installés à Chicago, ses parents lui proposent le glacial lac Michigan comme terrain de jeu. «Non seulement l’enfant se remet complètement, mais il se découvre également une passion pour son sport», relate la RTBF.

L’or sous couverture

Dès ses 12 ans, Johnny quitte les bancs de l’école et vit de petits boulots. Son amour pour la natation ne le quitte pas. Dans le club qu’il fréquente assidument, il croise la route de Bill Bachrach, un entraîneur à la réputation compliquée, mais qui a le don de repérer les champions potentiels. Lorsqu’il voit Johnny fendre l’eau du bassin public, son flair ne le trompe pas. «Il comprend vite que là, il est tombé sur une pépite», poursuit la RTBF. «Dès le tout premier jour, il lance un défi, et une promesse, à l’adolescent : « Donne-moi un an de ta vie, et je ferai de toi un champion du Monde. »» Bill tint parole. En juillet 1922, à Almeda, Johnny devient le premier homme à nager le 100 m nage libre en moins d’une minute. 58,6 secondes exactement. Deux ans plus tard, aux JO de Paris 1924, le prodige n’a qu’une hâte : concourir sous les couleurs américaines. Petit hic, il n’en possède toujours pas la nationalité. Qu’à cela ne tienne, il se fera passer pour son petit frère. Résultat, Johnny alias Peter rapporte trois médailles dorées, plus une de bronze en water-polo. Entre 1921 et 1929 il reste invaincu et établit 67 records du monde.

​Touché, coulé

Début des années 1930, la MGM est à la recherche d’un physique de rêve pour incarner l’histoire de Tarzan à l’écran. Tout en muscles, mais piètre acteur, le rôle est parfait pour Weissmuller. Il l’endossera à douze reprises entre 1932 et 1948. «Le personnage était fait pour moi, il fallait nager beaucoup et donner peu de répliques», confesse-t-il.

Hors des bassins et des décors de cinéma, la vie de Johnny est loin d’être parfaite. Si sa carrière sur grand écran lui rapporte gros, marié cinq fois et père de trois enfants, sa fortune est vite absorbée par les pensions alimentaires. Ruiné, il perd pied. «Il devint fou et fit, dit-on, retentir l’asile où il était interné du fameux cri de Tarzan», raconte l’historien Jean Tulard dans le «Dictionnaire du cinéma : les acteurs». «Il mourut dans la gêne (ndlr, à Acapulco, âgé de 79 ans), après avoir été représentant… d’un fabriquant de piscines.»

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