Jésus fait son cinéma

En 1979, les irrévérencieux Monty Python rebaptisent le Christ pour la satirique « Vie de Brian » en 2004 © DR

Souvent portées à l’écran, la vie et la Passion du Christ font recette au box-office. Ce mercredi à 23h15, Arte diffuse le documentaire «Jésus fait son cinéma».

Quel est le point commun entre Joaquin Phoenix, Georges Méliès et David Murgia ? Tous trois ont incarné Jésus au cinéma. Pendant des siècles, le Christ fut représenté par des peintres et des sculpteurs… Mais le cinéma naissant va très vite s’emparer du personnage. Dès 1899, Georges Méliès, l’un des pionniers du 7e art, profite de vacances sur la côte normande pour filmer quelques images de la mer qu’il utilisera dans un court métrage : « Le Christ marchant sur les flots ». Depuis, « Jésus fait son cinéma » – comme le raconte le documentaire diffusé par Arte le soir du 25 décembre.

Gigaproduction

Parmi les centaines de films où apparaît Jésus, on retiendra d’abord « Le Roi des rois » de Cecil B. DeMille. En 1923, le réalisateur américain avait déjà fait sensation avec « Les Dix commandements ». En 1927, il revient avec cette gigaproduction retraçant la vie de Jésus. DeMille travaille avec des consultants religieux, fait reconstruire Jérusalem en studio et parvient même à insérer dans son film quelques images en Technicolor. Muet, mais à grand spectacle, le long métrage fait sensation. Celui de Luis Buñuel aussi, mais pour d’autres raisons… En 1930, le réalisateur espagnol signe avec Dali un film surréaliste : « L’Âge d’or ». Jésus n’y tient pas le rôle principal, mais il apparait à la sortie d’une orgie. Le film sera censuré.

Outrage à la religion

Après-guerre, ce sont les Italiens qui s’emparent du sujet. Pier Paolo Pasolini s’inscrit d’abord dans la veine satirique. En 1963, il présente « La Ricotta ». Le film raconte les coulisses du tournage d’un autre film : « La Passion du Christ ». Entre les prises, les larrons crucifiés avec Jésus n’ont qu’une idée en tête : trouver à manger… Rien d’étonnant : Pasolini est athée, marxiste et homosexuel. Mais dans la très catholique Italie de l’époque, cette production lui vaut d’être condamné à quatre mois de prison avec sursis pour outrage à la religion.

Le réalisateur est néanmoins sensible à l’ouverture d’esprit de Jean XXIII et aux idées de Vatican II. En 1964, aidé par des Jésuites, il réalise « L’Évangile selon saint Matthieu ». Adaptation fidèle et respectueuse de l’Évangile, ce film est salué pour sa simplicité et sa profondeur. En 1977, un autre Italien s’attaque au sujet – avec la bénédiction du Pape : Franco Zeffirelli réalise « Jésus de Nazareth ». Cette série télévisée sera vue par 2,5 milliards de personnes à travers le monde !

Jésus renommé Brian

En 1979, les Monty Python s’intéressent à Jésus avec « La Vie de Brian ». Dans ce film, Brian Cohen, fils de Mandy Cohen, sera confondu avec le Christ… Souvent jugée blasphématoire à l’époque, la comédie satirique est devenue un classique. Quand Hollywood reprend le filon, le ton change. En 1988, Martin Scorsese raconte les doutes de Jésus fait homme dans « La Dernière tentation du Christ ». Scandale mondial ! Lors de la sortie du film, plusieurs salles de cinéma sont incendiées. « La Dernière tentation… » vaut cependant à Scorsese une nomination à l’Oscar du Meilleur réalisateur.

De « Mad Max » à « Résurrection »

En 2004, c’est Mel Gibson que Jésus inspire pour « La Passion du Christ ». Que vient faire là l’acteur de « Mad Max » et de « L’Arme fatale » ? Il raconte les dernières heures de la vie de Jésus (Jim Caviezel) avec un réalisme parfois cru. Le film est très controversé en raison de sa violence. Certains évoquent même un certain antisémitisme. Mais le succès est au rendez-vous. Mel Gibson travaille actuellement à une suite, « Résurrection », dont le tournage devrait débuter en 2025. Jésus est inépuisable…

Cet article est paru dans le Télépro du 19/12/2024

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