Jeanne : les signes de la vierge sauvèrent le dauphin
Elle est l’une des figures les plus fascinantes du Moyen Âge. Retour sur les pérégrinations d’une jeune vierge nommée Jeanne d’Arc qui, se prétendant envoyée de Dieu, sauva le royaume de France pour finir… sur le bûcher.
En dehors des rumeurs les plus folles, tout ce qu’il nous reste de «la Pucelle», c’est sa maison familiale à Domrémy, en Lorraine, où elle naquit vers 1412. On la doit au roi Louis XVIII qui, voulant ressusciter le mythe de la guerrière pour légitimer le retour de la monarchie, la fit restaurer. Déclinant le concept de la série documentaire «Une maison, un artiste», le court programme de France 5 (dim. 22.40) explore la trajectoire d’une adolescente qui, un jour de 1429, quitta son foyer en quête d’un futur roi à sauver pour changer, à tout jamais, le cours de l’Histoire.
Il était une voix…
Jeanne n’a que 13 ans lorsqu’elle entend, pour la première fois, des «voix» dans son jardin. Ces voix, comme elle le dira lors de son procès, sont celles des saints Catherine, Marguerite et Michel. Elle déclare avoir «eut grande peur» avant de comprendre qu’elle avait été choisie par Dieu pour sauver la France. Loin d’être prise pour une folle – ce genre d’«intervention divine» était plutôt bien vue au Moyen Âge… -, la paysanne se forge une honorable réputation qui parvient jusqu’aux oreilles royales.
Guerre de Cent Ans
Yolande d’Aragon, dite «d’une rare lucidité» et belle-mère de Charles VII – le dauphin en détresse -, fait aussitôt vérifier… la «bonne foi» du jeune espoir. Jeanne est vierge ! Un gage de confiance à l’époque. Après tout, la France n’a plus rien à perdre. À la guerre de Cent Ans (*) qui la ravage s’est ajoutée une guerre civile entre les Bourguignons, alliés des Anglais, et les Armagnacs, fidèles au roi. Et quel roi ! Charles VI est fou ; son épouse, Isabeau de Bavière, aussi dépensière que versatile. Son gouvernement a même pactisé avec l’ennemi britannique en signant, en 1420, l’illégal traité de Troyes qui déshérite son propre fils, Charles VII, de la couronne de France au profit d’Henri V d’Angleterre.
Pucelle d’Orléans
Depuis son refuge à Bourges, le prince déchu Charles VII envoie la jeune illuminée de 17 ans batailler à Orléans. Troquant sa robe pour des vêtements masculins – un grave péché qui précipitera sa chute -, arborant une coupe de cheveux courte en calotte – tel Jean Reno dans «Les Visiteurs» -, Jeanne la guerrière remporte la victoire. On la surnomme désormais la «Pucelle d’Orléans». Sa contemporaine et poétesse Christine de Pisan dira qu’«elle a fait ce que 100.000 hommes n’eussent pu faire». Il ne lui reste plus qu’à faire sacrer le dauphin à Reims pour affirmer avec éclat sa légitimité. Mission accomplie le 17 juillet 1429 ! Mais les ennuis commencent…
Le bûcher
Les partisans d’Henri VI d’Angleterre, fils d’Henri V, crient à l’imposture. Jeanne est capturée à Compiègne par les Bourguignons qui la vendent aux Anglais contre 10.000 livres. Après un long procès, la jeune fille, accusée d’hérésie, sera brûlée vive à Rouen, le 30 mai 1431. Sans que Charles VII n’intervienne… Seul signe de sa reconnaissance : il anoblit sa famille, le nom «Darc» devenant «d’Arc». Craignant que l’horrible renommée de Jeanne n’entache sa couronne, le bon messire la fait réhabiliter, vingt-cinq ans plus tard, au terme d’un nouveau procès. Mais ce n’est qu’en 1920 qu’elle deviendra sainte. On la fête le 30 mai, en souvenir de son supplice et de ses idéaux partis en fumée…
Cet article est paru dans le Télépro du 18/08/2022.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici