Jane Austen : 200 ans et toujours moderne !
L’écrivaine britannique a publié des romans encore plébiscités aujourd’hui. Et régulièrement adaptés par le 7e art et le petit écran. Ce jeudi à 20h55, Arte propose la minisérie «Orgueil et préjugés».
«Comment écrire comme Jane Austen ?», est l’une des questions les plus courantes des écrivains en herbe sur Google. D’autre part, «Raison et sentiments», «Mansfield Park» ou «Persuasion», titres de ses livres, continuent de passionner fans et profanes. Tout comme «Orgueil et préjugés» ou deux de ses célèbres adaptations modernes : «Le Journal de Bridget Jones» et la série YouTube «The Lizzie Bennet Diaries» ! Pourquoi ces œuvres, nées d’une femme au succès modéré de son vivant, ont-elles si bien traversé le temps ?
Fine observatrice
Aujourd’hui mondialement admirée, Jane Austen est née le 16 décembre 1775 à Steventon dans une famille bourgeoise qui s’est ensuite installée à Basingstoke (où trône maintenant une statue de bronze en hommage à l’auteure). C’est là que la jeune fille, comme toutes celles de son âge, a assisté à des réunions et des fêtes souvent organisées pour trouver un mari. Mais à l’instar des héroïnes de ses romans, Jane, désireuse d’être avant tout érudite, s’est mise à observer la société et à écouter les conversations avec minutie.
Ironie et irrévérence
Là où d’autres n’ont remarqué qu’habitudes et convenances, Austen y a vu matière à rire gentiment mais fermement. Aussi, même si tous ses récits semblent présenter de classiques histoires d’amours, ils comportent surtout des dialogues gorgés d’humour. «Ses histoires étaient à la fois semblables et différentes des parutions de son époque», note John Mullan, professeur de littérature au London University College. «Elle a bafoué la tradition littéraire en étant une innovatrice enjouée et irrévérencieuse. Elle a été la pionnière de nouvelles méthodes pour combiner ironie, critique du snobisme, de l’argent, de la religion, de la classe et de la moralité ! Un vrai génie stylistique !»
Émotions d’actualité
Écrivant de telle façon que les lecteurs, toutes générations confondues, ont toujours pu identifier leurs propres préoccupations et émotions à celles des protagonistes, Jane fut aussi féministe en démontrant combien éducation et répartie pouvaient tirer ces dames de situations complexes. L’actrice Keira Knightley qui a incarné Elizabeth Bennett, icône d’«Orgueil et préjugés», confie : «Ce livre m’obsède depuis mes 7 ans ! Quand l’opportunité de jouer « Lizzie » est devenue réalité, je me suis jetée dessus ! C’est l’un des meilleurs rôles de la littérature, l’héroïne est si fougueuse. Je pense que chaque femme veut être comme elle : passionnée, intelligente, pleine d’esprit. C’est ce qu’il y a de si brillant chez Austen : des femmes fortes !»
Pas de chichis !
«Elle inclut aussi des éléments qui peuvent plaire à un public masculin en créant des personnages forts avec des rôles de premier plan au sein de la société», ajoute le professeur Mullan. «Et ses textes surprennent parce qu’ils rejettent le sensationnel, ne s’intéressent pas à l’image – Jane ne prend pas la peine de décrire les gens, les robes ou les maisons – mais juste la psychologie.» Les qualités et défauts d’hier et d’aujourd’hui n’ayant guère changé, critiques et universitaires continuent de l’étudier. Et le grand public de la lire… et d’en rire !
Cet article est paru dans le Télépro du 6/7/2023
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