Isaac Asimov : visionnaire ou prophète de malheur ?

À 15 ans, il imaginait un monde de robots, présageant l’intelligence artificielle actuelle © Isopix

Ce diplômé ès science a écrit près de 500 livres sur un large éventail de sujets : la Bible, l’astronomie, la sociologie. Mais les plus troublants concernent notre avenir… Ce mercredi à 22h40, Arte dresse son portrait dans «Isaac Asimov – L’Étrange testament du père des robots».

À l’instar d’homologues – H.G. Wells, Aldous Huxley, George Orwell… – qui ont «vu» des éléments du futur tels que nous les vivons aujourd’hui, Isaac Asimov (1920-1992) a écrit des nouvelles et des romans de science-fiction stupéfiants. Outre son imagination débordante, il a mis en garde contre les effets de la modernité : «Nous ne sommes pas préparés aux changements et nous ne faisons aucun effort pour les orienter de manière optimale».

Né en Russie et naturalisé américain quand ses parents s’installent aux États-Unis en 1923, Isaac est un surdoué qui apprend à lire seul à 5 ans en déchiffrant les panneaux de son quartier, Brooklyn. Il dévore aussi les magazines de science-fiction, alors très à la mode. Sur une machine à écrire offerte par son père, l’ado de 15 ans rédige ses premières fictions où robots et machines futuristes illustrent les problématiques que posera plus tard l’intelligence artificielle.

Le diplômé de l’université de Columbia en sciences et docteur en biochimie se définit comme un écrivain compulsif. Sa capacité à vulgariser des faits complexes, à mêler les genres (suspense, thriller…) et son inventivité séduisent de nombreux lecteurs. Parmi ses œuvres les plus connues – grâce à leur adaptation à l’écran -, figurent : «Foundation» (série inspirée de son «Cycle de Fondation»), «L’Homme bicentenaire» (avec Robin Williams en androïde doué d’émotions) et «I, Robot» (avec Will Smith confronté à des robots très futés).

Il prévoit les PC, Internet, smartphones… Asimov donne aussi des interviews et conférences où ses «prévisions» sont époustouflantes, tel l’avènement des ordinateurs à domicile, d’Internet, des smartphones : «Les communications seront visuelles et auditives. Les écrans serviront aussi à consulter des documents, lire des livres, regarder des photos».

Dès 1964, il anticipe la révolution agroalimentaire : «Des repas semi-préparés seront stockés au frigo, prêts à être consommés. Les équipements de cuisine pourront chauffer l’eau et en faire du café».

Dans les années 1980, ses dires s’assombrissent. Quant à la pollution :«Les conséquences de l’irresponsabilité humaine en termes de déchets seront de plus en plus insupportables. Il faut espérer que les avancées technologiques inverseront la détérioration de l’environnement».

Quant au sociétal : «Les populations devront gérer un monde high tech et un changement de l’éducation. Seuls persisteront les emplois pour lesquels les machines ne remplacent pas l’humain. Cela aura des conséquences aux niveaux mental, émotionnel et social».

Et de tempérer :«Le plus triste aspect de la vie moderne, c’est que la science rassemble plus vite les connaissances que la société ne rassemble la sagesse. À moins que nous ne puissions regarder ces mutations en face avec audace pour empêcher ces changements indésirables et provoquer des changements souhaitables…». L’avenir (proche) nous le dira.

Cet article est paru dans le Télépro du 29/9/2022

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