Intelligence émotionnelle : que les émotions soient avec vous !
Les émotifs sont souvent taxés de fragiles et dociles. Mais depuis les années 1990, la science voit en cette «faiblesse» une force : le quotient émotionnel, ou Q.E. !
«L’intelligence émotionnelle serait-elle la clef de l’épanouissement ?», s’interroge «Matière grise» (La Une), ce mercredi à 0h20. Les spécialistes qui décryptent cette aptitude ont changé d’avis au cours des trente dernières années, en constatant les effets bénéfiques des sentiments dans la gestion des relations en milieu social et professionnel.
Plus ouvert à autrui
Longtemps, le Q.I. (quotient intellectuel) a été le seul facteur déterminant de la réussite. Mais au fil du temps et des analyses, les chercheurs ont constaté qu’une intelligence élevée n’était pas une garantie de succès. Car l’évaluation du Q.I. via les tests classiques n’englobe pas la totalité des capacités humaines, dont le Q.E. (quotient émotionnel).
À partir des années 1990, de concept flou, l’intelligence émotionnelle est devenue une donnée reconnue. Car elle permet de réguler ses émotions et de les utiliser pour résoudre bien des problèmes, y compris cartésiens.
Dans son best-seller «L’Intelligence émotionnelle» (*), le psychologue Daniel Goleman suggère même que le Q.E. aurait plus d’importance que le Q.I. Et des études ont observé un lien direct entre un Q.E. élevé et la réussite professionnelle, les personnes en étant dotées ont montré de meilleures dispositions dans le travail d’équipe en prenant des initiatives plus nombreuses et plus réfléchies qui tenaient compte des sentiments de chacun.
La «logique» des sentiments
Aux scientifiques encore peu enclins à accepter le côté «émotionnel» de l’intelligence, leurs homologues ont opposé un argument intéressant : les émotions ont survécu tout au long de l’évolution humaine grâce à leurs fonctions adaptatives. Savoir interpréter les signaux émotionnels – comme déceler si un ennemi réagit avec peur ou colère -, a augmenté les chances de survie de nos ancêtres.
Selon les psychologues de l’Université du New Hampshire, le Q.E. permet ainsi de «recourir aux émotions pour enrichir le raisonnement». Voilà qui tue dans l’œuf les a priori selon lesquels l’émotivité perturberait la pensée logique ou qu’être émotif équivaut à être faible. Ressentir les émotions avec un niveau plus élevé de conscience améliore le rapport au monde.
En outre, les gens qui n’ont pas peur de révéler leurs ressentis seraient perçus comme plus authentiques, donc plus fiables. Enfin, être émotionnellement plus intelligent ne signifie pas que l’individu en question risque d’être submergé par ses émois. Au contraire, en ayant une perception précise de ses sentiments et ceux des autres, il utilise ces informations pour mieux s’adapter à l’environnement social.
À chacun ses compétences
À l’instar du Q.I., variable d’un individu à l’autre, le Q.E. élevé n’est toutefois pas une aptitude donnée à tout le monde. En cela, la nature est bien faite car les chercheurs ont observé que certains métiers nécessitaient plutôt un Q.I. élevé et d’autres professions, un Q.E. plus important.
Ainsi, pour les manuels et les cartésiens, tels les mécaniciens, comptables ou banquiers, l’intelligence émotionnelle serait plutôt un handicap qu’un atout. Tandis que les vendeurs, agents immobiliers, conseillers ou soignants excellent dans leur domaine car ils sont plus aptes à lire et réguler les émotions. L’intelligence émotionnelle peut donc toujours être une force, mais tout dépend du contexte et du moment où elle doit intervenir.
(*) À lire Daniel Goleman, «L’Intelligence émotionnelle», 928 pages, 14,90 € (éd. J’ai Lu)
Cet article est paru dans le Télépro du 30/9/2021
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