Ils apprivoisent les terres arides !

L'Éthiopie teste avec succès des méthodes de cultures durables © Getty

Des agriculteurs repoussent les limites pour cultiver dans le désert, sur la glace et même dans la mer !

«Le village éthiopien qui ne craint plus ni la sécheresse ni l’exode» : c’est ainsi que le quotidien Le Monde titrait un de ses articles les plus passionnant. Une aventure humaine incroyable : Abreha We Atsbeha, dans le nord de l’Éthiopie, ne vivait que d’aide alimentaire jusqu’à ce que ses 5.000 habitants retroussent leurs manches et vainquent la sécheresse.

Ailleurs, sous des latitudes bien plus froides, mais tout aussi hostiles, c’est la glace et le froid que d’autres ont maté en se lançant dans la permaculture polaire. Ailleurs encore, ce sont des potagers sous la mer que des jardiniers plongeurs entretiennent.

Comme l’explique «Xenius», mardi à 17h10 sur Arte, pour résoudre leurs problèmes alimentaires et trouver le moyen de se nourrir, les hommes cultivent leur imagination et font germer des projets incroyables d’audace, d’invention et de courage dans les lieux les plus improbables de la planète.

Version chaude

Retour à Abreha We Atsbeha. Quand le journaliste du Monde arrive dans le village, le pays fait face à une pénurie alimentaire grave : 10 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire.

Rien de tout cela sur place. Il découvre des cultivateurs paisibles : comme trois fois par an, ils viennent d’ensemencer des champs de blé. Ils ne craignent pas l’absence de pluie : depuis vingt-cinq ans, ils ont complètement modifié leur façon de travailler. Au début des années 1990, le gouvernement encourage la population à modifier ses habitudes pour mieux faire face aux famines. Une politique verte qui s’appuie sur des techniques qui vont finir par payer : «Creuser des centaines de puits souterrains et des digues pour retenir l’eau de pluie, apprendre de nouvelles techniques comme le compostage, la diversification et la rotation des cultures, aménager des terrasses dans les montagnes (nous sommes à 2.000 mètres d’altitude) et planter plus de 2,5 millions d’arbres», énumère un des responsables du village.

L’année dernière, une équipe de la RTBF s’est rendue sur place. Une expression pour traduire les images : miracle écologique. «C’est un paradis vert au beau milieu d’un territoire aride : pommes, mangues, oranges, avocats, pastèques, café, chili, choux, maïs…» L’expérience veut essaimer, les agriculteurs du village la partagent avec d’autres en Éthiopie et à l’étranger.

En milieu chaud, ce n’est pas la seule tentative d’apprivoiser la terre. Dans le désert d’Atacama au Chili, des villageois et des scientifiques s’activent aussi. On y table sur l’eau de mer désalinisée et sur la technique de l’agriculture hydroponique (sur un substrat neutre et inerte) pour transformer le désert le plus aride de la planète en un potager verdoyant.

Ailleurs encore, dans le désert australien du Sud, Sundrop Farms fait pousser 17.000 tonnes de tomates par an en utilisant la lumière du soleil et de l’eau de mer…

Version froide ou humide

À l’opposé, cultiver de la nourriture près du pôle Nord, c’est possible aussi. Direction Longyearbyen. Cette petite ville arctique dans l’archipel norvégien du Svalbard est surtout connue pour la vue qu’elle offre sur les aurores boréales. Mais depuis 2013, une autre particularité fait sa notoriété : le chef cuisinier Benjamin Vidmar y a créé un jardin polaire. Trèfle, radis, micropousses de choux noirs, de tournesol… : à deux pas du pôle Nord, il cultive des aliments locaux «pour rendre les produits frais accessibles à tous dans notre communauté et réduire l’importation de nourriture de la Norvège continentale», confie-t-il sur son site Web Polar Permaculture.

Pour cela, il recourt notamment à la permaculture et remplace les engrais par le compostage. La RTBF s’est aussi rendue sur place il y a deux ans. L’occasion de constater que le projet fait son petit bonhomme de chemin et compte sur du crowdfunding (financement participatif) pour grandir davantage.

Nettement moins froid, mais plus humide, au large des côtes italiennes, au sud de Savone, des biosphères sous-marines sont expérimentées. Dans ces sphères, des jardiniers plongeurs font pousser des cultures destinées à la consommation humaine. Thym, menthe, citronnelle ou basilic y croissent à l’abri des parasites et des mouches. L’eau salée s’évapore sur les parois, devient de l’eau douce qui nourrit les plantes. Celles-ci respirent et le tour est joué. Bref, sur tous les terrains, l’homme a choisi d’avoir le doigt vert.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 23/1/2020

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