Il y a 80 ans, l’exploit du Débarquement de Normandie

Image prise à bord d'une barque américaine le 6 juin 1944 © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquaient en Normandie pour libérer l’Europe de l’Allemagne nazie.

À l’aube du 6 juin 1944, une armada de 7.000 navires traverse la Manche et s’approche des plages du Calvados, en Normandie. L’opération «Overlord » («Suzerain» en français) est en marche. Retour sur la plus grande opération militaire de l’Histoire.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill, Premier ministre britannique, et Franklin Delano Roosevelt, président américain, misent, dès 1942, sur une stratégie périphérique avec des débarquements en Afrique du Nord et en Sicile. À la fin de l’année 1943, les deux hommes et Staline se rencontrent à Téhéran. Après la bataille de Stalingrad, le dirigeant soviétique réclame à ses alliés d’ouvrir un second front sur le continent européen afin de soulager l’Armée rouge. Le trio discute alors des modalités d’un débarquement depuis le territoire anglais.

Opération intox

Les plages de la baie de Seine, entre Le Havre et Cherbourg, sont retenues car elles sont moins bien défendues que les ports, intégrés dans le Mur de l’Atlantique (système de fortifications côtières du IIIe Reich). Pour diriger les opérations, le choix se porte sur le général texan Dwight Eisenhower. L’organisation d’une telle opération ne passe pas inaperçue. Et si Hitler se prépare à un débarquement, il l’attend dans le Pas-de-Calais. Les Alliés font tout pour le conforter dans cette idée et préparent l’opération «Fortitude» («Courage» en français), chargée de désinformer les services de renseignement allemands. Ainsi, ils mettent sur pied une véritable «armée fantôme» dirigée par l’impulsif général Patton, dotée de véhicules blindés gonflables et de canons en bois, et positionnée dans la région de Douvres.

Aléas de la météo

Après un report de 24 heures dû aux mauvaises conditions météorologiques, le général Eisenhower encourage, la veille du jour J, les milliers d’hommes prêts à entrer dans l’Histoire. «Soldats, marins et aviateurs des Forces expéditionnaires alliées, vous êtes sur le point de vous embarquer pour la grande croisade vers laquelle ont tendu tous nos efforts pendant de longs mois», leur écrit-il. «Les yeux du monde sont fixés sur vous.»

Dans la nuit du 5 au 6 juin, l’opération «Neptune», dernière phase de l’opération «Overlord», est lancée. Plus de 20.000 parachutistes sont lâchés près des lignes ennemies, tandis que les navires, transportant 130.000 hommes et 20.000 véhicules, approchent des côtes. À l’aube, les troupes américaines, britanniques et canadiennes (accompagnées de quelques Français) débarquent sur la Pointe du Hoc et cinq plages normandes, rebaptisées Omaha (où les combats sont les plus sanglants), Utah, Gold, Juno et Sword.

Dans le même temps, la résistance française est mobilisée et effectue un millier d’actions de sabotage durant la nuit. Pour les Allemands, trompés par la tempête et l’opération «Fortitude», la surprise est totale. Même si les avancées ne sont pas aussi rapides que prévu, l’opération est globalement un succès grâce à l’absence de résistance navale et à la faiblesse de la Luftwaffe. Le Débarquement, qui a vu 10.000 tués ou blessés dans les rangs alliés, marque le point de départ de la bataille de Normandie, qui durera jusqu’au 29 août 1944 et se révélera cruciale dans l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

Noms de code

Pourquoi les plages françaises ont-elles été renommées Omaha, Utah, Gold, Sword et Juno ? Il s’agissait de noms de code pour tromper l’ennemi. Pour les deux premières destinées à accueillir les troupes américaines, le général américain Omar Bradley a demandé à deux sous-officiers présents d’où ils étaient originaires. «D’Omaha et de l’Utah, mon général», ont-ils répondu. Pour les trois autres plages, le général anglais Montgomery a opté pour des noms d’animaux marins abrégés : Gold pour goldfish (poisson rouge), Sword pour swordfish (espadon) et Jelly pour jellyfish (méduse). Mais le nom jelly (signifiant aussi la gelée anglaise) étant peu apprécié par Churchill et les Canadiens, le lieutenant-colonel canadien Michael Dawnay proposa alors Juno, le prénom de son épouse.

Connaissez-vous Gustav ?

Il s’agit d’un pigeon voyageur de la Royal Air Force qui a joué un rôle important lors du Débarquement. Embarqué sur un navire de guerre soumis au silence radio, il a été relâché le matin du 6 juin 1944. Après avoir parcouru les 240 km qui le séparaient de sa base anglaise, il a été le premier à annoncer le début des opérations. Son action lui a valu la médaille Dickin, équivalent, pour les animaux, de la Victoria Cross.

Cet article est paru dans le Télépro du 23/5/2024

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