Il faut sauver l’Histoire !

Vue de l'intérieur du musée du Louvre à Paris © Isopix
Stéphanie Breuer Journaliste

Connaître notre passé nous permet de mieux construire notre avenir. Mais comment sauver les témoignages du passé ? C’est la question que se pose Maria Del Rio dans «Tout s’explique» ce jeudi à 19h50.

Nés en Grèce

Tout comme les sites archéologiques et les centres d’archives, les musées participent, par leur rôle de conservation, à la sauvegarde de l’Histoire. Leur origine date de l’Antiquité hellénistique. À l’époque, un Mouseîon était un sanctuaire consacré aux Muses (divinités des Arts) avant de devenir une institution dédiée aux Arts. Le plus célèbre était celui d’Alexandrie, en Égypte, construit en 290 avant notre ère. Ce centre intellectuel, fréquenté par les savants, comprenait une bibliothèque, des jardins botaniques et zoologiques, un observatoire astronomique…

Les musées modernes sont bien plus récents. À partir de la Renaissance, des galeries d’objets d’art apparaissent en Italie et les premiers musées sont d’abord des collections privées. Enfin, au XVIII e siècle, de grands musées, tels que le British Museum ou le musée du Louvre, voient le jour.

Trésor national

Depuis septembre, la Bibliothèque royale de Belgique, désormais renommée KBR, propose au public de venir admirer une collection unique de manuscrits du XVe siècle ! Ce trésor national vieux de 600 ans précieusement conservé provient de la Librairie des ducs de Bourgogne.

Constituée par Philippe le Bon, prince ambitieux et riche mécène, celle-ci comprenait pas moins de 900 ouvrages englobant l’ensemble des domaines de la pensée. Un tiers de ceux-ci sont conservés à Bruxelles.

Ennemis des manuscrits

Héritage culturel de l’humanité, les manuscrits anciens sont conservés avec beaucoup de soin. Leurs ennemis sont la lumière, l’humidité, les variations de température, la poussière et les insectes. Parfois, l’encre elle-même peut aussi dégrader les documents anciens. De tout temps, les hommes ont attaché de l’importance à la conservation de leurs écrits.

À l’exception de la pierre et du métal, les divers matériaux utilisés à travers les époques et les régions sont vulnérables : le papyrus est sensible à l’humidité et aux insectes, le cuir et le lin sont sujets aux moisissures, l’argile est attaquée par les vers… «On sait qu’il y a environ trois mille ans, les rouleaux de papyrus, après chaque saison pluvieuse, étaient séchés et déroulés afin de se rendre compte si la pluie n’avait pas fait disparaître les écrits», écrit Yash Pal Kathpalia dans «Conservation et restauration des documents d’archives» (Unesco). «Pour la protection contre les insectes, l’humidité et les poussières, les Égyptiens, les Grecs et les Romains plaçaient leurs rouleaux dans des boîtes cylindriques en bois ou en ivoire.»

Par ailleurs, selon les époques, différents produits ont été utilisés, pas toujours avec succès, pour protéger le papier : le camphre, les clous de girofle, l’essence d’eucalyptus, l’huile de cèdre…

Au feu

«Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes», écrivait le poète allemand Heinrich Heine au XIX e siècle. Au fil des siècles, les destructions de bibliothèques sont nombreuses. Et la Belgique n’est pas épargnée. En août 1914, les troupes allemandes pénètrent en Belgique. Alors que des fusillades éclatent à Louvain, elles mettent la ville à sac le 25 août.

Plus de 200 civils sont tués, plus de mille maisons brûlées, de même que la bibliothèque de l’Université, réputée pour être l’une des meilleures d’Europe. Plus de 250.000 volumes partent en fumée, dont 950 manuscrits et 800 incunables. L’événement suscite l’émotion de la communauté internationale. Et, grâce aux dons de livres venant du monde entier, la bibliothèque est reconstituée… avant d’être à nouveau détruite en mai 1940 !

Crime de guerre

En temps de conflit, les victimes ne sont pas seulement humaines. De nombreux trésors de notre patrimoine ont déjà subi la fureur des hommes : Constantinople incendiée en 475, les statues de Bouddha dynamitées en Afghanistan (photo), les mausolées détruits à Tombouctou (Mali), ou des sites antiques démolis à Palmyre (Syrie). Ces destructions délibérées de biens culturels ou architecturaux sont aujourd’hui considérées par les Nations Unies comme des crimes de guerre. En 2016, la Cour pénale internationale de La Haye a, pour la première fois, poursuivi et condamné un membre d’un groupe djihadiste, responsable de destructions à Tombouctou.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 29/10/2020

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