Il était mille et une fois…
Ce samedi, Arte se lance sur les traces des légendes orientales.
Ah, Shéhérazade, la légendaire souveraine persane… Les récits de ses «Contes des mille et une nuits» sont-ils venus enchanter vos rêves d’enfants ? Aladin et sa lampe merveilleuse, Ali Baba et ses 40 voleurs, Sindbad le marin et ses 7 mers : la simple évocation des noms de ces héros entraîne-t-elle votre imagination sur les chemins fertiles de l’aventure ? Alors, n’hésitez pas. Embarquez samedi à 20.50 sur le grand bateau d’Arte. Avec le journaliste Daniel Gerlach, mettez le cap sur les traces de récits fondateurs, avec le documentaire «Les 1.001 légendes de l’Orient».
Les origines
Comme les récits merveilleux qu’il contient, le recueil des «Contes des Mille et une nuits» se drape de mystère. Qui l’a écrit ? On l’ignore. Quel périple exact ont suivi les histoires qu’il contient pour parvenir jusqu’à nous ? Leur trajet reste abscons. «D’origine indienne, transmis à la Perse, les Contes des Mille et une nuits sont issus de la tradition orale», explique le site de la Bibliothèque nationale française François-Mitterrand. «Complétés et mis par écrit dans le monde arabe autour du Xe siècle, ils n’ont acquis leur forme actuelle que bien après.»
Il était une fois Shéhérazade
Au centre du recueil, une légende. Son personnage principal : Shéhérazade. Le pitch : Schahriar, roi de Perse, devient fou le jour où il découvre que sa femme le trompe avec un esclave. Pour se venger, il épouse chaque soir une jeune fille vierge différente. Le matin de la nuit de noce venu, il l’étrangle pour se venger de l’infidélité féminine.
Shéhérazade, fille du grand vizir Jaafar, le numéro 2 du royaume, veut mettre fin aux féminicides. Elle décide donc d’épouser le souverain. Pour parvenir à ses fins, elle raconte chaque soir une histoire à son époux. Une histoire sans fin pour le tenir en haleine. Impatient de connaître la suite, le roi épargne sa femme chaque matin. Au terme de la 1001e nuit, la source de l’imagination de Shéhérazade est tarie, la jeune femme se tait. Schahriar décide toutefois de ne pas l’exécuter. La sagesse de son épouse l’a conquis. Elle l’a aussi guéri de sa haine pour les femmes. Ils vécurent heureux et eurent… trois enfants. Fin de l’histoire.
Le grand voyage du tapis volant
Il faut attendre le début du XVIIIe siècle pour que le manuscrit arrive en France et soit traduit. Des récits comme ceux d’Aladin ou d’Ali Baba y sont ajoutés. Les aventures de la légendaire reine et des héros de ses fables, jugées à l’époque «étonnantes et surprenantes», gagnent et fascinent ensuite le reste de l’Europe. L’Occident découvre un Orient fantasmé, peuplé de lampes magiques, de bons et de mauvais génies, de tapis volants, de lampes merveilleuses. Un univers étrange et enchanteur, avec ses guerres mais aussi ses histoires d’amour. Chaque pays les mets «à sa mode». Rien qu’en français, il en existe quatre versions.
Influenceuse
Pour la Bibliothèque du Congrès à Washington, les nombreux «Contes des Mille et une Nuits» constituent l’une des plus grandes contributions arabes, moyen-orientales et islamiques à la littérature mondiale. «Que ce soit par ses contes populaires, ses histoires magiques pleines d’aventures ou par ses représentations modernes dans les longs métrages hollywoodiens ou les films d’animation Disney, presque tout le monde a été influencé par au moins l’un ou l’autre des éblouissants contes arabes de Shéhérazade», résume la Bibliothèque. Comme une influenceuse bien avant l’heure, la reine légendaire met du merveilleux et de l’exotisme dans la littérature, la musique, l’art et le cinéma.
Colonialisme
Au-delà, certains n’hésitent pas à lui prêter un rôle au niveau de l’expansionnisme colonial, les lecteurs occidentaux découvrant un Orient peuplé d’individus rusés, cruels, traitres et dévergondés. Même si, pour le dramaturge allemand Goethe «le caractère des Mille et une nuits, est de n’avoir aucun but moral», les récits et le personnage de Shéhérazade véhiculent des valeurs de courage, de gentillesse, de compassion et de pardon, mais aussi des messages de cupidité ou de malhonnêteté. Durant la pandémie, le producteur de France Culture Tewfik Hakem n’hésitait pas à conseiller de lire «Les Mille et une Nuits» «pour se rappeler que les choses les plus futiles peuvent nous sauver la vie», écrivait-il. Le conseil vaut toujours.
Cet article est paru dans le Télépro du 7/11/2024
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