Hvaldimir, le béluga espion
Découvert dans les eaux norvégiennes il y a six ans, un béluga doté d’un étrange harnais a suscité la fascination du public. Et les interrogations des autorités. Ce dimanche à 21h05, France 5 diffuse «Le Mystère du béluga espion».
Qui était Hvaldimir, ainsi surnommé en associant « hval » (baleine en norvégien) et le prénom de Poutine ? De l’espèce des baleines blanches dotées des sonars les plus sophistiqués chez les cétacés, l’animal portait un dispositif pour fixer une caméra et un fermoir avec la mention « Equipment St-Petersburg ». Repéré en avril 2019 par un pêcheur d’Hammerfest (Norvège), l’animal peu farouche est aussi un élément militaire, témoin des tactiques d’espionnage employées par les grandes puissances.
Sentinelle
Durant la guerre froide, Américains et Russes ont formé des dauphins à se déplacer telles des sentinelles à l’affût d’intrus, leur ouïe étant très fine, puis les ont remplacés par des bélugas car les delphinidés ne résistaient pas aux températures négatives. Le Dr Eve Jourdain, qui a observé Hvaldimir, a déclaré : « Ce mâle a été conditionné à mettre son nez sur tout ce qui ressemble à une cible. » Les spécialistes en stratégie militaire se sont penchés sur son cas sans hélas pouvoir déterminer quelle avait été sa mission initiale.
Mais Hyaldi, ainsi rebaptisé, a fait chavirer le cœur de fans du monde entier et des associations de protection. Un béluga dont le cerveau est volumineux, comme celui des humain, est très sociable. Le sympathique « intrus » a donc approché les travailleurs en mer, leur jouant même quelques tours, avec une intelligence liée à son passé : poser des cordes autour des hélices des bateaux ou démonter des tuyaux sous-marins. Mais son besoin de jeu s’est révélé dangereux, hameçons et lames l’ayant blessé à plusieurs reprises.
En danger
La Norvège et la Suède, où Hyaldi s’est aussi aventuré, ont alors appelé l’association OneWhale pour le mettre à l’abri dans une réserve marine au périmètre sécurisé. La professeure américaine Diana Reiss, spécialiste des mammifères marins et psychologue cognitif, a expliqué sur la BBC : « Hvaldi a été retiré de son groupe social à un jeune âge et élevé dans des normes spécifiques à l’interaction humaine. Ce comportement, certes avenant, peut le mettre en danger. Nous devons le protéger. »
Une perspective coupée dans son élan. Le béluga a été retrouvé mort en septembre dernier. Selon les groupes de défense, des traces de balles étaient visibles sur sa dépouille. L’Institut vétérinaire norvégien, choisi pour l’autopsie, a tempéré ces dires : « Il faudra du temps pour identifier toutes les marques. » Ayant entre 15 et 20 ans, Hvaldi aurait encore pu vivre entre 40 et 60 ans. À défaut d’avoir pu en apprendre davantage aux chercheurs sur sa formation stratégique, il leur a permis de mieux connaître la gentillesse de son espèce.
Cet article est paru dans le Télépro du 23/1/2025
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