Homo sapiens : c’est notre histoire !

Nos ancêtres nous réservent encore bien des surprises ! © Arte

L’odyssée de l’homme moderne livre chaque jour de nouveaux secrets. Quelques-uns sont dévoilés ce samedi à 20h50, sur Arte, dans le documentaire «Homo sapiens, les nouvelles origines».

C’est une épopée palpitante. Pleine de rebondissements et de découvertes. Une aventure qui débute il y a des centaines de milliers d’années, mais qui nous tient aujourd’hui encore en haleine. Cette histoire, c’est la vôtre, la mienne, la nôtre, celle de nos parents, de nos ancêtres. C’est l’histoire de l’homme moderne. Les derniers épisodes, des équipes de chercheurs les ont dévoilés il y a quelques mois. Retour en arrière.

Le berceau de l’humanité

1961. Maroc. À une centaine de kilomètres à l’ouest de Marrakech, la région de Jebel Irhoud est principalement connue pour ses mines de barytine, un minéral utilisé dans l’industrie pétrolière. Pour l’extraire du sous-sol, il faut creuser la colline.

La découverte d’un crâne bouleverse tous les plans. Les extractions sont interrompues, des campagnes de fouilles commencent. Des outils, mais aussi les restes de deux enfants et deux adultes sont mis au jour. Depuis quand sont-ils là ? Depuis très très longtemps : il s’agit, pense-t-on à l’époque, de Néandertaliens. Mais les indices du passé gardent leurs secrets pendant près d’un demi-siècle.

En 2004, le professeur Jean- Jacques Hublin, directeur de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutive à Leipzig, en Allemagne, obtient l’autorisation de relancer les fouilles. Une série de découvertes récompensent sa ténacité : une grande quantité de restes d’animaux, des outils à nouveau et surtout des fossiles humains. Ceux d’Homo sapiens.

En 2017, deux procédés de datation aboutissent pratiquement au même résultat : les trois adultes, l’adolescent et l’enfant retrouvés sont âgés de 300.000 ans. «C’est 100.000 ans de plus que les datations les plus anciennes de l’origine de l’espèce humaine moderne», constate à l’époque le professeur Abdelouahed Ben-Ncer, de L’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine de Rabat.

Le plus étonnant pour le commun des mortels, c’est d’entendre les scientifiques affirmer que les habitants du berceau de l’humanité avaient une morphologie faciale et une dentition pratiquement identiques à celles de l’homme moderne. «La grande évolution des derniers 300.000 ans concerne le cerveau», déclare le professeur Jean-Jacques Hublin. Dans une version actualisée du film «Les Visiteurs», moyennant quelques aménagements vestimentaires, nous pourrions croiser Homo sapiens dans la rue sans nous retourner… Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

Homo sapiens en Europe

Mai 2020. Bulgarie. Grotte de Bacho Kiro. Le professeur Jean-Jacques Hublin fait à nouveau partie de l’équipe qui analyse les outils de pierre, les ossements d’animaux, les pendentifs et les perles retrouvés à proximité de cinq fossiles humains. Nouveaux tests ADN, nouvelles datations au carbone 14 et nouvelles sensations : Homo sapiens est arrivé sur le continent européen il y a 45.000 ans, c’est 5.000 ans plus tôt que ce que l’on pensait.

Dans une communication vidéo enregistrée sur le site de l’académie nationale française de médecine et reprise par Futura Sciences, le professeur Hublin fait le point : «L’homme moderne est apparu sur l’ensemble du continent africain il y a 300.000 ans. Il a évolué de manière relativement graduelle. Puis, ces hommes sont sortis d’Afrique il y a 200.000 ans, (…) se sont répandus (…) et ont remplacé d’autres formes humaines qui existaient à cette époque-là, en particulier les hommes de Neandertal.»

Ceux-ci disparaissent il y a 35.000 ans, laissant le champ libre à Homo sapiens : «On a donc une espèce qui a colonisé l’ensemble de la planète, qui aujourd’hui est la seule espèce humaine sur Terre», conclut Jean-Jacques Hublin.

Les questions sans réponses sur nos ancêtres sont encore nombreuses. Comment Homo sapiens est-il arrivé en Europe ? Par le détroit de Gibraltar ? Par l’Est ? Le mystère reste entier, la saga continue.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 8/10/2020

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici