Histoire : Vespucci, et l’Amérique fut
Loin d’être l’explorateur le plus connu aujourd’hui, Amerigo Vespucci a pourtant donné son nom au Nouveau Monde. Ce samedi à 23h15, Arte diffuse le documentaire «L’Amérique lui doit son nom : Amerigo Vespucci».
En 1492, Christophe Colomb découvre l’Amérique. Sur les bancs de l’école, tous les élèves apprennent cette date majeure de l’histoire des grandes découvertes. Pourtant, c’est à Amerigo Vespucci, un notable florentin, que le nouveau continent doit son nom. Samedi, Arte dresse le portrait de cet explorateur majeur un peu oublié et parfois injustement qualifié d’imposteur.
Issu d’une famille de notables florentins qui lui dispense une éducation humaniste, Amerigo Vespucci (1454-1512) travaille comme agent commercial pour le compte des Médicis. Chargé de superviser leurs affaires en Espagne, il est envoyé à Séville en 1490 et travaille à la préparation des voyages de Christophe Colomb, avec qui il se lie d’amitié.
Fasciné par les découvertes du Génois qui, le premier, accoste sur le nouveau continent, le banquier sans expérience maritime décide… de prendre la mer à son tour ! Avec le capitaine Alonso de Ojeda, Vespucci, dont l’atout réside surtout dans ses connaissances mathématiques, quitte Cadix en 1499 avec quatre navires battant pavillon espagnol. L’objectif ? Suivre les traces de Colomb vers l’ouest et trouver le fameux passage vers les Indes et ses épices.
Il explore l’Amazone
Après la traversée de l’Atlantique, Ojeda fait route vers le nord et Vespucci guide les deux autres navires vers le sud. Le second longe la côte sud-américaine, qu’il prend d’abord, comme Colomb, pour l’Extrême-Orient. Fasciné par la nature qu’il observe, il découvre des espèces animales et végétales inconnues, de nouvelles constellations et l’embouchure de l’Amazone, qu’il est le premier Européen à explorer. Il rencontre de nombreuses tribus indigènes et baptise même de «Petite Venise» (ce qui donnera Venezuela), un port avec des maisons bâties sur l’eau lui rappelant la cité lacustre italienne.
Quelques mois après son retour, le Florentin part pour une nouvelle expédition pour le compte du Portugal cette fois. En janvier 1502, il entre dans une baie qu’il nomme Rio de Janeiro (le fleuve de Janvier). Il est impressionné par la nature exubérante : arbres géants, fleurs parfumées et grande variété d’espèces. «Si le paradis existe sur Terre, il n’est certainement pas très loin d’ici», écrit-il alors.
«Mundus Novus»
Contrairement à Colomb, persuadé d’avoir atteint les Indes, Vespucci comprend qu’il est en train d’explorer une terre nouvelle, encore jamais représentée sur une carte du monde. À son retour en Europe, il fait imprimer son récit en latin. Intitulée «Mundus Novus» («Le Nouveau monde»), l’œuvre paraît en 1503 à Paris et connaît un succès retentissant.
Si, des siècles plus tard, certains soupçonneront le navigateur florentin d’avoir embelli la vérité, voire l’accuseront d’avoir inventé ses voyages de toutes pièces, en ce début de XVIe siècle, personne ne doute de sa sincérité et son récit est lu dans toute l’Europe. À Saint-Dié, dans les Vosges, un groupe d’érudits, fasciné par cette découverte (qui ouvrira la voie à Magellan quelques années plus tard), décide de publier une carte du monde intégrant les toutes dernières avancées. Sur celle-ci, le cartographe allemand Martin Waldseemüller rend hommage au découvreur du nouveau continent en lui donnant son prénom féminisé, pour s’accorder avec les noms des autres continents.
Le nom de Vespucci, plus de cinq cents ans après sa mort à Séville, n’évoque plus grand-chose aujourd’hui, contrairement à celui de Christophe Colomb. Malgré tout, son prénom est, lui, à juste titre, passé à la postérité !
Cet article est paru dans le Télépro du 29/6/2023
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