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Histoire : rencontre au sommet à Yalta
En février 1945, Roosevelt, Churchill et Staline se retrouvent en Crimée pour façonner le monde de l’après-Seconde Guerre mondiale.
C’est sans doute l’une des photos les plus célèbres du XXe siècle. On y voit « The Big Three » (les Trois Grands) – le Premier ministre britannique Winston Churchill, le président américain Franklin Delano Roosevelt et le dirigeant soviétique Joseph Staline – assis côte à côte, à l’issue d’une conférence à Yalta, du 4 au 11 février 1945. Encore aujourd’hui, ce cliché symbolise l’alliance victorieuse de ces trois grandes puissances contre l’Allemagne nazie. Ce samedi à 20h35 sur La Trois dans « Retour aux sources », Élodie de Sélys célèbre les 80 ans de cette réunion au sommet, qui a longtemps été – à tort – synonyme de partage du monde…
Alliance contre-nature
Au début de l’année 1945, alors que la défaite de Hitler semble désormais inéluctable, ces trois leaders, contraints par les hasards de la guerre à une alliance chaotique et contre-nature, entendent préparer l’avenir. Après une première conférence à Téhéran en novembre 1943 (portant notamment sur l’opération Overlord), ils décident d’une deuxième rencontre. Roosevelt propose Athènes, Malte, Chypre, Jérusalem, puis Le Caire. Mais Staline refuse tout, prétextant une contre-indication de ses médecins pour un voyage si lointain. En réalité, le dirigeant soviétique préfère « jouer à domicile ». Pour ce sommet au nom de code Argonaute, il suggère Yalta, une station balnéaire de Crimée.
Ainsi, le 4 février 1945, les trois hommes et leurs délégations se retrouvent sur les bords de la mer Noire, dans l’immense palais de Livadia, ancienne résidence d’été du tsar Nicolas II. Le « Vieux lion » britannique est affaibli politiquement (il perdra d’ailleurs les élections peu après). Malade, le « Sphinx de la Maison Blanche », qui vient d’être investi d’un quatrième mandat, est, lui, très diminué physiquement (il mourra deux mois plus tard). Quant au « Petit père des peuples », il se présente triomphant, suite à ses récents succès militaires sur le front de l’Est.
Harmonie de façade
Si les trois hommes poursuivent un même objectif – gagner la guerre ensemble -, ils espèrent chacun imposer leur vision du monde à reconstruire. Alors que Churchill aspire par-dessus tout à sauver son empire colonial d’un autre temps (dont la pièce maîtresse est l’Inde), Staline entend bien augmenter sa zone d’influence, à l’instar de la progression de son Armée rouge. Quant à Roosevelt, il n’a qu’une idée en tête : créer une Organisation des Nations unies, et ainsi instaurer un nouvel ordre international fondé sur le respect du droit.
Contrairement à une idée longtemps répandue, il n’est pas question de se partager l’Europe lors des débats, qui portent plutôt sur le sort de l’Allemagne, la place de la France aux côtés des grandes puissances, l’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon, la création de l’Onu et l’organisation d’élections libres dans l’Europe libérée. Sur le papier, Yalta est un succès, même si, dans les faits, les accords ne seront pas toujours respectés.
Avant de se séparer, ces trois « géants » du XXe siècle posent pour une série de photos qui deviendront historiques. Et Roosevelt de glisser à Staline : « Maintenant, nous sommes une grande famille ! » Pourtant, deux ans plus tard, le monde se fracture en deux blocs aux idéologies diamétralement opposées et plonge pour plusieurs décennies dans la guerre froide…
Cet article est paru dans le Télépro du 6/2/2025
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