Histoire : Philippe le Bel, bourreau des Templiers
Au début du XIVe siècle, l’impitoyable Capétien s’emploie à anéantir l’Ordre fondé à Jérusalem. Ce lundi à 21h05 sur France 3, «Secrets d’Histoire» revient sur le destin de Philippe le Bel.
«Dieu sait qui a tort et a péché : et s’abattra bientôt le malheur sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort.» Le 19 mars 1314, du haut de son bûcher, Jacques de Molay, le dernier grand maître de l’Ordre des Templiers, aurait invoqué la justice divine.
Plusieurs siècles après, l’affaire des Templiers, racontée par Stéphane Bern, continue de fasciner et de susciter les plus folles rumeurs.
L’histoire des Templiers débute deux siècles plus tôt. En 1118, à Jérusalem, des chevaliers français groupés autour du Champenois Hugues de Payns fondent cet ordre religieux et militaire chargé de protéger les pèlerins se rendant en Terre sainte.
Ces moines-soldats vêtus d’un manteau blanc frappé d’une croix rouge bénéficient d’un prestige immense durant les siècles des croisades. Et grâce aux privilèges conférés par les papes, l’Ordre devient bientôt une puissance financière considérable, un véritable État dans l’État, qui va connaître une fin brutale sous le règne du dernier Capétien, petit-fils du vénéré Saint-Louis.
Incroyable coup de filet
«Fervent catholique malgré ses heurts avec la papauté, Philippe IV le Bel tient les Blancs Manteaux en haute estime», écrit Anne Bernet dans «Un ordre à abattre» (Historia). «Il l’a rappelé lors de la gratification qu’il leur a faite en 1304. Pourtant, au fil des mois, Guillaume de Nogaret, son conseiller, va parvenir à faire germer le soupçon, puis l’inquiétude.»
Les Templiers se retrouvent alors dans le viseur de l’impitoyable «Roi de fer». À l’aube du 13 octobre 1307, tous les Templiers du royaume sont arrêtés et emprisonnés. Accusés d’hérésie, ils se voient reprocher de pratiquer la sodomie, des «baisers impudiques», ou encore de cracher sur la croix. Interrogés sous la torture, ils sont nombreux à formuler des aveux.
Si aujourd’hui leur innocence est à peu près unanimement reconnue, les motivations profondes de Philippe le Bel, dont la cupidité, font encore débat pour expliquer ce soudain acharnement.
Brûlés vifs
Après cinq ans de contre-enquête et de procès, en avril 1312, le pape Clément V, qui n’était pas de taille à lutter contre le roi de France, prononce la dissolution de l’Ordre. Tous les biens sont transférés à l’ordre concurrent des Hospitaliers. Les Templiers ayant avoué leurs fautes sont pardonnés et libérés, tandis que les autres sont condamnés à la prison perpétuelle.
Le 19 mars 1314, les cardinaux mandatés par Clément V viennent signifier aux dignitaires du Temple leur peine : la prison à vie. Dans un sursaut d’orgueil, le grand maître Jacques de Molay clame son innocence et défend son ordre, suivi par Geoffroy de Charnay, chef de la province de Normandie. Le soir même, un bûcher est dressé sur le parvis de Notre-Dame de Paris, sur l’île de la Cité, et les deux hommes sont brûlés vifs sous le regard impassible du Roi.
«Une légende reprise par Maurice Druon dans son célèbre roman-fleuve «Les Rois maudits» veut qu’à l’instant de succomber dans les flammes, Jacques de Molay ait lancé une malédiction à l’adresse du Roi et du Pape, les invitant à le rejoindre dans la mort avant la fin de l’année», raconte Alban Dignat sur Herodote. net. «Or, c’est pourtant ainsi que les choses vont se passer.»
Un mois plus tard, le pape Clément V succombe à la maladie et, en novembre, Philippe IV s’éteint à son tour. Ses enfants, dont aucun ne laisse d’héritier mâle, meurent tous prématurément, signant ainsi la fin de la dynastie des Capétiens. Il n’en fallait pas plus pour faire entrer les rois maudits et les Templiers dans la légende…
Cet article est paru dans le Télépro du 16/9/2021
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